Comme prévu, les niveaux d'eau sont à nouveau à la hausse en Montérégie et le seront durant tout le week-end.

En faisant le point sur l'état des inondations, vendredi, la Sécurité civile a expliqué que la pluie des dernières heures et celle encore attendue, combinée à des vents du sud de 30 à 50 kilomètres à l'heure samedi devraient provoquer une hausse de près de 20 centimètres.

Avec des vents devant persister durant environ 24 heures, la pointe devrait être atteinte dimanche en fin de journée. Cependant, comme le niveau est présentement 32 centimètres sous les records du 6 et du 23 mai, les autorités ont bon espoir d'éviter un retour au pire.

Outre la pluie qui s'abat sur la Montérégie elle-même, les eaux du lac Champlain ont été gonflées par des pluies torrentielles jeudi sur l'État du Vermont, où de nouvelles évacuations ont été rendues nécessaires.

La Sûreté du Québec a par ailleurs indiqué lors du point de presse de vendredi que de nouvelles évacuations ont eu lieu au cours des derniers jours lorsque les policiers effectuant des visites à domicile ont constaté que certains sinistrés persistaient à demeurer chez eux malgré des conditions sanitaires extrêmement pénibles.

Les policiers, qui ont effectué quelque 8900 visites à domicile depuis le début des inondations, n'ont cependant procédé à aucune évacuation forcée, les gens acceptant de quitter de leur propre gré.

Malgré tout, les sinistrés peuvent trouver un certain réconfort du fait que, plus le niveau de l'eau augmente, plus la solidarité civile prend de l'ampleur.

SOS Richelieu, mis sur pied le 5 mai par des membres du club des Lions de Saint-Luc, municipalité voisine de Saint-Jean-sur-Richelieu, a vu le nombre de volontaires se gonfler à la suite de son appel à une grande corvée les 11 et 12 juin.

Le mouvement, qui ne comptait qu'une vingtaine de volontaires inscrits au départ, en avait recruté 300 au cours des dernières semaines. Or, les images diffusées après la remontée de l'eau à un niveau historique lundi, l'annonce que l'armée ne participerait pas au nettoyage après l'inondation et l'appel à la corvée, mercredi, par SOS Richelieu ont provoqué une vague de sympathie de sorte que le nombre de volontaires s'est multiplié pour atteindre 1750, vendredi.

L'objectif de SOS Richelieu est d'atteindre 5000 volontaires pour participer à l'effort colossal qui sera requis.

Plusieurs de ces bénévoles, qui proviennent, entre autres, de la région de Montréal, mais aussi de Drummondville, Trois-Rivières, Sherbrooke et Gatineau, sont déjà sur le terrain et transportent de l'eau potable, aident les sinistrés à faire l'épicerie et apportent des vêtements, par exemple.

SOS Richelieu profite au passage de l'expérience fort prisée de certains retraités de la GRC, du SPVM et des Forces canadiennes qui ont l'expérience du travail humanitaire en Haïti et en Afghanistan.

À ce sujet, deux ex-députés bloquistes de la région, Claude Bachand et Yves Lessard, ont aussi tenu un point de presse vendredi, faisant valoir que le ministre de la Défense Peter MacKay pouvait très bien donner un mandat humanitaire et sanitaire aux Forces canadiennes, comme elles en remplissent régulièrement à l'étranger.

Se disant choqués et stupéfaits d'une attitude qu'ils ont qualifiée d'irresponsable de la part d'Ottawa, les deux ex-députés ont fait valoir que le sinistre ne sera pas terminé lorsque les eaux se retireront et que la contamination des eaux et l'assainissement requis justifieraient à eux seuls que le ministre revienne sur sa décision.

De leur côté, les deux grandes organisations municipales -l'Union des municipalités du Québec (UMQ) et la Fédération québécoise des municipalités (FQM)- ont demandé à leurs membres de venir en aide aux municipalités sinistrées de la Montérégie.

Fait à noter, au Vermont, c'est l'État local qui assume les coûts de la Garde nationale appelée en renfort le 5 mai par le gouverneur Peter Schumlin, celle-ci étant de juridiction locale.

Les membres de la Garde nationale, qui s'entraînent avec les militaires canadiens à Valcartier, ne participeront pas là non plus aux efforts de nettoyage. Un porte-parole a expliqué en entrevue à La Presse Canadienne que la Garde nationale n'a pas le droit, en vertu des lois fédérales américaines, d'intervenir sur des propriétés privées, sauf pour sauver des vies.

Elle peut cependant, à la demande du gouverneur, participer au nettoyage et à la reconstruction des voies publiques, des édifices publics et des réseaux de communication, par exemple.

Une participation gouvernementale à la reconstruction relève plutôt de l'État fédéral. Une telle éventualité survient lorsqu'un État demande au président américain de décréter une région zone sinistrée fédérale.

Le gouverneur de l'État de New York, Andrew Cuomo, a adressé une telle demande au président Barack Obama mercredi.

Dans l'État de New York, plus d'un millier de foyers ont été sinistrés et certains ont été complètement détruits sur les rives du lac Champlain. Les dommages sont sommairement évalués à 38 millions de dollars. Au Vermont, plus de 500 résidences ont été sinistrées, mais aucune évaluation des dommages n'a encore été rendue publique.