Les prestations d'assurance emploi seront livrées plus rapidement aux sinistrés des inondations du Manitoba et des incendies de forêt de la Colombie-Britannique, mais pas aux 3000 citoyens aux prises avec des inondations historiques en Montérégie, a appris La Presse. Ce traitement à deux vitesses choque au plus haut point David Millette, dont la maison de Noyan est inondée depuis un mois et demi.

«C'est carrément injuste! Quand on dit que Stephen Harper se fout du Québec, c'est vrai!», déplore M. Millette.

La maison de M. Millette est située dans un quartier fort inondé de Noyan. L'eau est si haute que plusieurs maisons ont été évacuées dans le secteur. Depuis le mois d'avril, M. Millette lutte sans relâche contre les eaux. Admissible au chômage, il a décidé de remplir sa demande d'assurance emploi. «On a de plus en plus de difficulté à arriver financièrement, ma conjointe et moi», dit-il.

En remplissant sa demande sur l'internet, M. Millette a remarqué qu'un avis spécial était donné aux «prestataires d'assurance emploi touchés par la situation des inondations au Manitoba ou par celle des incendies au nord de l'Alberta». Un code de référence «pour faciliter le traitement des demandes» leur était attribué. Ce traitement accéléré est en vigueur depuis le 18 mai.

«Mais nous, les sinistrés de la Montérégie, on n'a pas de code de référence pour voir notre cas traité plus vite. Ça veut dire que les gens de l'Ouest peuvent avoir un accès plus rapide à leurs prestations, mais pas nous. Ça n'a pas de bon sens!», dit M. Millette.

La Presse s'est rendue dans un bureau de Service Canada pour remplir une demande d'assurance emploi. Nous avons constaté la même situation que M. Millette. À Ressources humaines Canada, on confirme que seuls les sinistrés du Manitoba et de l'Alberta ont un traitement spécial accéléré. «Il n'y a aucune mesure pour le Québec», a dit la préposée.

La ministre fédérale des Ressources humaines et du Développement des compétences, Diane Finley, n'a pas rappelé La Presse pour expliquer ce traitement qualifié de «deux poids, deux mesures» par M. Millette.

Pour ce sinistré, il est incompréhensible que les sinistrés de la Montérégie ne soient pas traités de la même façon que leurs vis-à-vis de l'Ouest canadien. Dans la ville de Slave Lake, en Alberta, qui a été la proie des flammes, 400 maisons ont été détruites. Au Manitoba, des milliers de résidences sont touchées par les inondations printanières. «On est 3000 personnes inondées ici. Mais on nous ignore. Ça ne me surprend pas. Stephen Harper n'est même pas venu nous voir encore. Il nous ignore complètement et ça n'a pas de sens», dit M. Millette.