Le gouvernement a respecté ses obligations internationales, a soutenu hier le ministre de la Défense nationale, Peter MacKay, après que le major-général Guy Laroche eut indiqué que 20% des détenus afghans sous autorité canadienne avaient affirmé avoir été maltraités.

Devant la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire, lundi, le major-général Laroche a souligné que 8 des 38 Afghans faits prisonniers par les Forces canadiennes entre la fin de 2007 et le début de 2008 se sont plaints de mauvais traitements après leur transfert aux autorités afghanes. Mais puisque dans la plupart des cas, il n'existait pas de preuve, a-t-il ajouté, le transfert des détenus n'a pas été suspendu.

«Selon la Convention de Genève, dès qu'il y a un soupçon de torture, les transferts doivent cesser, a lancé hier le porte-parole du Bloc québécois en matière de défense, Claude Bachand. Les aveux du général ne démontrent-ils pas que le Canada a failli à son devoir concernant la torture et qu'il a violé la Convention de Genève?»

De récents chiffres rendus publics par les Forces canadiennes indiquent qu'Ottawa a transféré 243 détenus aux autorités afghanes entre le début de 2006 et la fin de 2008. Or, le transfert de prisonniers n'a été interrompu qu'à quatre reprises, dont une seule fois en 2007.

À la lumière du témoignage du major-général Laroche, le NPD a réitéré sa demande pour la tenue d'une enquête publique dans le dossier.

«Est-ce que le ministre de la Défense nationale peut nous dire quelles étaient les consignes données au major-général Laroche en matière de torture et pour quelle raison le gouvernement a continué d'autoriser les transferts de prisonniers?» a questionné le député néo-démocrate, Jack Harris.

«Standards internationaux»

Le ministre de la Défense, Peter MacKay, a rétorqué que le gouvernement et les forces armées avaient pris leurs responsabilités et qu'ils avaient respecté «les plus hauts standards internationaux».

«Ce que (les propos du major-général Laroche) prouvent, c'est qu'à chaque occasion, les forces canadiennes et les fonctionnaires travaillant en Afghanistan ont agi comme il le fallait», a souligné M.MacKay.

L'automne dernier, le diplomate Richard Colvin, ancien numéro deux du Canada à Kaboul, avait mis le feu aux poudres en alléguant que le Canada s'était rendu coupable de complicité de torture en transférant aux autorités afghanes des prisonniers qui allaient ensuite être maltraités.

Le Canada a suspendu une fois en 2007 le transfert de prisonniers, pendant quatre mois, après qu'un représentant du gouvernement eut remarqué des marques sur le corps d'un détenu et vu les câbles ayant servi à le fouetter. Devant la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire, qui enquête sur les allégations de torture, Guy Laroche a indiqué lundi que c'est lui qui avait pris cette décision.

-Avec La Presse Canadienne