Un ancien diplomate, anciennement détenu en otage par al-Qaïda, a déclaré que l'Ouest ne sera jamais en mesure de «développer» l'Afghanistan.

Robert Fowler a aussi indiqué qu'une mission de contre-terrorisme serait l'une des options que le peuple canadien pourrait accepter après que l'armée ait mis fin à sa mission de combat.

Il a affirmé qu'il était clair que le Canada «n'était pas prêt à investir les ressources humaines et matérielles» nécessaires afin de mener à bien un véritable exercice de construction de nation.

Le gouvernement fédéral a annoncé que le Canada conservera un rôle diplomatique et de développement après la fin des opérations de combat l'été prochain, mais n'a pas clairement défini la forme que cet effort prendra.

Certains observateurs s'attendent à ce que le premier ministre Stephen Harper détaille le rôle du pays en prévision du sommet des leaders de l'OTAN, qui aura lieu cet automne à Lisbonne, au Portugal.

M. Fowler a affirmé qu'Ottawa devait commencer par répondre à des questions fondamentales avant d'impliquer le pays dans des opérations additionnelles.

«Sommes-nous vraiment sur le point de contribuer à l'émergence d'un État en Afghanistan? Si c'est le cas, pourquoi avons-nous choisi la région la plus difficile dans le monde pour ce faire?», s'est-il interrogé.

«Nous n'allons pas développer l'Afghanistan. Nous, les occidentaux, fournissons actuellement plus de 90 pour cent du budget de l'Afghanistan. Lorsque nous allons quitter, vont-ils tenter d'administrer le pays avec le 10 pour cent restant? Comment vont-ils y arriver?»

Robert Fowler et son compatriote Louis Guay ont été kidnappés au Niger par un groupe relié à al-Qaïda en décembre 2008. Ils ont été relâchés en avril suivant dans une entente complexe liant plusieurs nations africaines.

L'ancien diplomate a indiqué que la menace du terrorisme était toujours bien réelle.

«Si le Canada est allé en Afghanistan afin faire fuir al-Qaïda, les gens qui ont été impliqués dans les attentats du 11 septembre, pour détruire leurs bases d'entraînement et pour les obliger à se cacher, cela constitue une mission, je comprends», a-t-il déclaré dans une entrevue avec La Presse Canadienne.

Mais le silence entourant l'avenir de l'implication canadienne en Afghanistan et l'absence de débat l'a dérangé.

«Si vous voulez rallier les Canadiens autour de ce que vous voulez faire, alors dites leur ce que vous voulez faire», a critiqué Fowler, après avoir reçu un doctorat honorifique de l'Université d'Ottawa.

«Dites-leur exactement ce dont il s'agit, et ensuite laissez-les décider si c'est logique ou pas.»

Le Sénat canadien et l'opposition libérale à la Chambre des Communes ont déjà demandé au gouvernement Harper de confier aux Forces canadiennes un rôle d'entraînement en Afghanistan après la fin de l'actuelle mission.

Aucune réaction à cette suggestion n'a été diffusée jusqu'à maintenant.

Selon certaines informations, le gouvernement fédéral serait prêt à investir jusqu'à 600 millions $ sur une période de trois ans pour empêcher l'Afghanistan de redevenir une terre d'asile pour les groupes terroristes.

Robert Fowler a ajouté qu'il avait été triste de voir le Canada subir un revers pour un siège au Conseil de sécurité de l'ONU à la mi-octobre et que cet échec devait pousser le gouvernement à un «engagement plus intelligent, meilleur» sur la scène internationale.

Il a indiqué que les positions conservatrices quant à l'environnement et à Israël avaient sûrement contribué à sa défaite.

«La voix du Canada n'est plus nécessaire. Nous ne pouvons plus jouer un rôle efficace pour la paix au Moyen-Orient parce que nous nous sommes disqualifiés en raison de notre partialité».