Mélanie Riel a reçu en plein milieu de la nuit l'appel que toute conjointe de soldat redoute. Son amoureux, déployé en Afghanistan depuis une semaine à peine, était tombé au combat.

L'explosion de la bombe artisanale a été si puissante, lui a dit la personne à l'autre bout du fil, que même la plaque d'identité de son mari n'a pu être retrouvée. Elle a fondu en larmes, a raccroché et a contacté sur-le-champ la base militaire de Valcartier.

Mais au bout de 30 minutes, à son grand soulagement, elle a découvert que son conjoint était toujours vivant.

«Je ne sais pas qui a le coeur assez fermé pour faire quelque chose comme ça à quelqu'un (...) C'est tellement cruel», a-t-elle déclaré lors d'une entrevue sur les ondes d'une station de radio de la région de Québec, FM 93.

«J'ai vraiment paniqué», a-t-elle dit avant de préciser que son interlocuteur avait une voix «quand même assez grave» et que son message avait été livré avec «un langage militaire».

Mélanie Riel a aussi appris qu'elle n'était pas la seule victime: deux autres femmes de la communauté de Valcartier ont en effet reçu des appels téléphoniques similaires en pleine nuit, la semaine dernière.

Les Forces armées canadiennes enquêtent sur le cas de Mélanie Riel et ont précisé que les deux autres femmes n'avaient pas encore déposé de plaintes formelles.

Outré, le ministre de la Défense, Peter MacKay, a condamné mercredi ces gestes «insensibles, immoraux et dégoûtants». Au passage, il a promis, si jamais le mauvais plaisantin devait être retracé, serait poursuivi en justice.

«Je ne peux vous dire à quel point ces gestes sont déplorables et ignobles», a déclaré M. MacKay depuis Ottawa.

«Le fait de soumettre des familles à un tel stress et à une telle tension est dégoûtant dans tous les sens du terme», a lancé Peter MacKay, qui a par ailleurs assuré que les Forces armées canadiennes soutiendraient les familles.

Un porte-parole de la base de Valcartier a déclaré que le farceur avait sévi auprès de plusieurs familles en leur disant qu'un être aimé avait perdu la vie au champ de bataille, victime de la déflagration d'une bombe artisanale.

«Je pense que c'est une mauvaise plaisanterie à faire à des gens qui nous supportent à 100%», s'est désolé le lieutenant Dennis Noël, officier à la base de Valcartier.

Avant le déploiement des soldats, les familles sont informées des procédures de l'armée lorsque vient le temps d'annoncer des blessures sérieuses ou des morts, a précisé le lieutenant.

Si un soldat perd la vie, un membre des Forces canadiennes annonce la nouvelle en personne au plus proche parent de la victime.

Mélanie Riel était au courant de tout cela.

«Mais sur le coup, tu ne réfléchis pas, tu réagis», a-t-elle dit.

Un verdict de culpabilité pour un chef d'accusation qui punit quiconque transmet de fausses informations par téléphone pourrait en effet valoir au plaisantin une peine d'emprisonnement maximale de deux ans, en vertu de l'Article 372 du Code criminel.