L'armée canadienne commence à envisager la possibilité d'armer les villageois du district de Panjwaï, dans la région de Kandahar, une tactique ayant aidé à réduire la violence lors de la guerre d'Irak, mais critiquée pour les risques d'infiltration des insurgés.

Le programme de la police locale afghane, lancé par le président Hamid Karzaï vers la fin du mois d'août, est une mesure où des villageois sont armés et formés pour assurer la sécurité de leurs communautés.

Il s'agit d'un coup de dés qui, espèrent les commandants militaires de l'OTAN, encouragera les habitants à combattre les talibans, tels certains villageois irakiens lorsqu'ils se sont opposés à Al-Qaïda lors du Réveil sunnite.

Le plus important officier militaire canadien en Afghanistan, le brigadier-général Milner, a déclaré que le programme pourrait bientôt être mis sur pied dans la Corne de Panjwaï, la zone ouest du district servant traditionnellement de tremplin pour les attaques d'insurgés dans la ville de Kandahar.

Le mois dernier, des responsables du gouvernement afghan et des officiers militaires haut placés, incluant le brigadier-général Milner, ont rencontré environ 200 anciens dans le centre du district de Panjwaï lors de ce qui est connu comme une «visite de validation», pour confirmer le besoin légitime pour le programme.

Ce dernier n'est pas encore en place dans Panjwaï, mais pourrait servir de «capacité complémentaire» pour la police nationale afghane alors que le Canada réduit ses opérations de combat, a déclaré le brigadier-général Milner.

Le Canada a consacré beaucoup d'efforts pour recruter et entraîner les agents de la police nationale afghane dans le cadre de sa stratégie contre-insurrectionnelle dans Panjwaï, un district au sud-ouest de la ville de Kandahar et connu comme étant le lieu de naissance des talibans.

Il est cependant impossible de prédire si le pays sera en mesure d'atteindre son objectif sur ce front avant que la mission de combat ne prenne fin en juillet. L'armée affirme qu'il y a environ 500 programmes enregistrés sur 700 places disponibles dans le district.

Le concept de ce programme met certains responsables afghans mal à l'aise, qui craignent que cela pourrait miner l'autorité de Kaboul, particulièrement dans les régions éloignées du pays. Il y a également des craintes que les programmes manquent de supervision, laissant la porte grande ouverte à leur infiltration par les talibans et d'autres éléments criminels, et ravive les souvenirs des milices des seigneurs de guerre qui ont ravagé le pays au cours des années 1990.

Dans un rapport publié cette semaine, les Nations unies ont souligné leurs inquiétudes après avoir observé les programmes mis en place dans les provinces de Kunduz, Baghlan, Urugzan et Daykundi.

«Bien que nous reconnaissons que le programme n'a été opérationnel que pour quelques mois seulement et qu'une évaluation à plus long terme est nécessaire, des inquiétudes ont été soulevées concernant la faible surveillance, le recrutement, la mise en examen et les mécanismes de commande et de contrôle», a indiqué la mission d'aide en Afghanistan de l'ONU.