Le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, a été écarté mercredi du conseil d'administration (CA) d'Hydro-Québec. Comme le gouvernement ne voulait pas le limoger, il sera «suspendu» de ses responsabilités au sein de la société d'État, le temps que la Sûreté du Québec termine son enquête.

La ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a décidé d'aller un cran plus loin que vendredi. Elle avait d'abord demandé que le maire Vaillancourt «amorce une réflexion», mercredi elle a annoncé avoir expressément demandé son retrait dans une lettre qu'elle venait de lui faire parvenir. Une suspension plutôt qu'un congédiement, parce que le gouvernement «n'est jamais à l'abri des poursuites», convient-elle.

Deux heures plus tard, dans un communiqué, le maire soutenait avoir «pris acte de la demande de la ministre responsable de la société Hydro-Québec». Il l'avait fait d'ailleurs vendredi, et avait transmis à Hydro-Québec une lettre dans laquelle il faisait savoir qu'il était en «réflexion» quant à son rôle à la société d'État. Mme Normandeau n'y était pas allée avec le dos de la cuillère, et avait soutenu qu'ayant des contrats à l'étranger, Hydro-Québec devait maintenir une image d'intégrité parfaite.

Pour M. Vaillancourt, les allégations des députés Serge Ménard et Vincent Auclair, qui soutiennent s'être fait offrir de l'argent liquide, sont «sans fondement» mais leur diffusion demande que les intérêts d'Hydro-Québec soient protégés. C'est pourquoi le maire de Laval «a décidé de se retirer momentanément de son rôle au sein du conseil d'administration de la société», affirme le communiqué.

Selon M. Vaillancourt, ce retrait n'est pas un aveu de culpabilité. Il réitère «qu'il ne laissera pas sa réputation, qu'il a bâtie au fil des ans, se faire détruire alors qu'il n'a enfreint aucune loi».

Pour Mme Normandeau, M. Vaillancourt est dans les faits «suspendu» de ses fonctions, sans rémunération, sans même un accès à la documentation destinée aux administrateurs de la plus importante société publique québécoise. La semaine dernière, la Sûreté du Québec a amorcé une enquête pour tentative de corruption dans le dossier du maire de Laval. Les députés Ménard et Auclair soutiennent qu'il leur a offert de l'argent comptant pour leurs campagnes, respectivement en 1993 et en 2002.

«J'ai demandé que M. Vaillancourt quitte le conseil d'Hydro de façon temporaire, tant et aussi longtemps, mévidemment, que l'enquête n'est pas complétée», a résumé la ministre Normandeau, en réponse aux questions insistantes du député péquiste Sylvain Gaudreault en point de presse auparavant.

Vendredi, Mme Normandeau avait soutenu que rien dans la loi ne permettait à Québec de révoquer temporairement le mandat de l'administrateur Vaillancourt. Elle a nuancé mercredi: «Il n'y a pas d'incongruité», le maire est «suspendu de tous ses privilèges et de toutes ses responsabilités, de tous ses devoirs comme administrateur. Il n'aura que le titre d'administrateur, uniquement».

En tant que membre du conseil d'Hydro-Québec, M. Vaillancourt n'a rien fait de répréhensible, insiste-t-elle. «Il faut être très prudent dans les circonstances. Par contre, Hydro-Québec doit être au-dessus de tout soupçon, elle fait affaire à l'international, ici, partout au Canada, aux États-Unis, alors il faut s'assurer de s'en remettre aux meilleures pratiques en matière de gouvernance de nos sociétés d'État», a résumé la ministre.