La salle du conseil municipal de Laval était pleine à craquer, hier soir, pour la première séance depuis que le maire Gilles Vaillancourt a été éclaboussé par une série d'allégations. Mais même si l'opposition a martelé qu'il devait se retirer, même si quelques citoyens ont remis en question son leadership, la maire de Laval a échappé à la fronde anticipée.

Les trois premières questions des citoyens avaient plutôt des préoccupations très terre à terre: un permis qui tarde à être remis, l'affichage illégal sur le territoire et le manque de piscines à Laval.

Grogne

Puis, après quelques minutes, les accusations qui fusent depuis des semaines contre le maire Vaillancourt, lesquelles l'ont fait se retirer du conseil d'administration d'Hydro-Québec et ont secoué le monde municipal, ont finalement rebondi à l'hôtel de ville.

«Lors d'une conférence de presse après les allégations de Serge Ménard, le maire a refusé de se retirer en disant: «Les Lavallois me font confiance»», a lancé au micro un résidant de Laval, François Lagarde, qui a souvent été interrompu par la présidente d'assemblée et conseillère du parti du maire, Francine Légaré.

«De quel droit le maire Gilles Vaillancourt parle-t-il au nom de la population de Laval quand il dit: «Les gens me font confiance»? Comment est-ce que le maire sait ce que pense la population de Laval?»

À cette question, comme aux quelques autres mettant en doute son leadership, Gilles Vaillancourt a martelé qu'il avait été élu «avec une confortable majorité».

Puis David De Cotis, président du Mouvement lavallois, parti de l'opposition sans conseiller élu, a fait référence à un sondage Angus Reid-La Presse qui a conclu que la majorité des Lavallois ne croient pas leur maire lorsqu'il dit être innocent. «Je ne gouverne pas par sondages, et je sais faire la différence entre la volonté profonde des Lavallois et les humeurs du moment», a rétorqué le maire.

«C'est toujours comme ça ici»

Après une poignée de questions critiques, la séance, menée rondement par la présidente d'assemblée, a été levée vers 21h15. En tout et pour tout, elle aura duré à peine plus d'une heure.

«C'est toujours comme ça ici, a déploré M. De Cotis après que la séance eut été levée. Ce soir, la salle était pleine, ils l'avaient paquetée de partisans. De plus, les citoyens avec des questions plus critiques se faisaient tout le temps interrompre. C'est vite fait, bien fait.»

Rappelons que deux députés, Serge Ménard et Vincent Auclair, ont affirmé à la mi-novembre que M. Vaillancourt leur avait offert des enveloppes d'argent alors qu'ils étaient en campagne électorale dans des circonscriptions lavalloises. Gilles Vaillancourt nie ces accusations, et a mis les deux députés en demeure de se rétracter.

Hier, La Presse a révélé que la Ville de Laval a vendu deux immenses terres à des prix étonnamment bas à des sociétés du promoteur Giuseppe Borsellino, connaissance du maire Gilles Vaillancourt.

«Ç'a été vendu par nos services, à la valeur. Il n'y a rien d'illégal là-dedans, a affirmé le maire à des journalistes avant la séance du conseil. C'est un promoteur comme les autres promoteurs sur le territoire. Rien de plus.»

Mais pourquoi ces terrains ont-ils été vendus beaucoup moins cher que des terres voisines que le promoteur a payées le double du prix? «Allez poser la question au promoteur», a-t-il répondu, mettant fin à l'expéditif point de presse.