Placé dans l'embarras lors d'une entrevue avec une station de télévision communautaire, le maire de Mascouche, Richard Marcotte, a refusé vendredi de dire quel prix il a payé pour son tracteur et de qui il l'a acheté.

Dans une émission qui, depuis, a été retirée des ondes, le journaliste Simon Paquin, de la Télévision régionale des Moulins, avait demandé au maire s'il était vrai que le tracteur qui se trouve dans son garage lui avait été procuré par un entrepreneur qui a un contrat avec la Ville de Mascouche.

Visiblement mal à l'aise, le maire avait eu de la difficulté à donner une réponse non équivoque. Il a ensuite assuré qu'il l'avait acheté mais que cela relevait de sa vie privée.

Vendredi, La Presse a joint Nathalie Bougie, son attachée politique, pour lui demander copie de la facture afin de dissiper tout doute sur cette transaction. «Je suis désolée, vous n'aurez pas ça, c'est personnel, a-t-elle dit. M. Marcotte l'a montrée à Simon Paquin (une semaine après l'entrevue). M. Paquin l'a vue, il l'a lue, il peut le confirmer.»

Questionné à ce sujet vendredi, M. Paquin a contredit Mme Bougie: «Le maire a montré une chemise rouge, très rapidement, a-t-il dit à La Presse. Je n'ai pas eu en main les copies. On m'a montré des documents tellement rapidement que je n'ai pas pu voir le montant ni de qui il avait acheté le tracteur.»

Le journaliste a proposé au maire de compléter l'entrevue, afin qu'il puisse dire aux téléspectateurs: «M. Marcotte est venu nous montrer les preuves qu'il avait bel et bien payé le tracteur à telle personne.» Le maire a refusé.

L'entrevue d'une demi-heure a été enregistrée le 20 janvier et diffusée la première fois le 26 janvier. Le lendemain, le maire et son chef de cabinet, Claude Lachapelle, se sont présentés à TVRM. Ils ont indiqué à M. Paquin et au directeur de la station, Sylvain Racine, que TVRM risquait de recevoir une mise en demeure.

«M. Marcotte nous a dit que l'entrepreneur songeait à nous poursuivre, nous a dit M. Paquin. Le maire voulait aussi connaître mes sources. C'était de l'intimidation. Le même jour, une firme de relations publiques nous a demandé un enregistrement de l'émission.»

N'ayant pas les moyens de se défendre, la direction de TVRM a décidé de retirer l'émission de son site web et de ne pas la rediffuser comme prévu.

Poursuites-bâillons

Par ailleurs, l'avocat et citoyen mascouchois Stéphane Handfield a répliqué vivement vendredi à la mise en demeure que lui a envoyée l'entrepreneur Normand Trudel, de Transport et Excavation Mascouche.

Normand Trudel et ses avocats l'accusent d'avoir tenu à la radio CIME des «propos tendancieux et diffamatoires» à propos du controversé contrat de déneigement des bornes d'incendie.

Ils lui demandent donc de «cesser immédiatement tout commentaire, entrevue ou autre forme de communication qui aurait pour but et/ou résultat de porter atteinte à la réputation de nos clients» et de présenter des «excuses publiques» sur les ondes de la radio en question. L'entrepreneur réclame aussi la somme de 125 000$.

«Ce n'est ni plus ni moins qu'une tentative de me bâillonner. Ce contrat de déneigement est un dossier public et j'ai le droit, comme citoyen de Mascouche, de m'exprimer.»

Me Handfield prévient que, si Normand Trudel poursuit ses démarches, il n'hésitera pas à répliquer et à faire «assigner comme témoins le maire Marcotte et certains conseillers». «Ils ne pourront pas se réfugier derrière l'argument de la vie privée pour éviter de répondre à certaines questions.»

Le député péquiste de Masson, Guillaume Tremblay, a lui aussi reçu une mise en demeure de Normand Trudel pour des «propos incendiaires» au cours de l'émission Enquête. Il lui réclame 225 000$.