Pour le Parti québécois, l'Unité permanente anti-corruption n'a pas l'indépendance nécessaire pour faire une enquête sur la corruption à Montréal et la collusion dans l'attribution des contrats municipaux.

Pour le député péquiste de Verchères, Stéphane Bergeron, le patron de cette nouvelle escouade Robert Lafrenière doit se voir retirer ce mandat par le premier ministre Jean Charest. Dans son édition de samedi, le Devoir soutenait que M. Lafrenière, comme sous-ministre à la Sécurité publique avait demandé à la GRC de faire enquête, fin 2009, sur le chef de police de la Ville de Montréal, Yvan Delorme.

«Je ne doute pas de l'intégrité de M. Lafrenière. Il est juge et partie et ne peut pas enquêter sur cette affaire», a résumé le député Bergeron samedi, en marge du Congrès du PQ à Montréal.

M. Lafrenière était le sous-ministre de Jacques Dupuis qui avait recommandé le renouvellement pour cinq ans de M. Delorme à la tête du SPVM, au printemps 2010. Ce dernier avait surpris tout le monde en prenant sa retraite, à 47 ans, quelques semaines après son renouvellement.

M. Delorme faisait l'objet d'une enquête pour ses rapports avec Luigi Coretti, le patron de BCIA, une agence de sécurité qui avait eu un contrat sans appel d'offres du SPVM. La firme qui a fait faillite a aussi profité des fonds publics avec le programme des Fiers d'Investissement Québec. Quand l'affaire BCIA a éclaté publiquement, «24 heures plus tard, le chef de police a démissionné, 72 heures plus tard le ministre Tomassi a démissionné. Quelques jours plus tard, le ministre Jacques Dupuis s'est trouvé dans l'embarras pour un permis de port d'arme pour le patron de BCIA, il a démissionné quelques jours plus tard. C'est très préoccupant», a lancé M. Bergeron.

«J'en appelle au premier ministre du Québec, il doit jouer son rôle, et agir. Il s'est terré, s'est tu. À partir du moment où l'unité anticorruption est disqualifiée pour cette enquête, il ne reste plus qu'une commission d'enquête publique indépendante qui doit être mise sur pied dans les meilleurs délais» de soutenir M. Bergeron.

Delorme en relation avec Normandeau

Sachant bien que depuis peu M. Delorme était en relation avec la vice-première ministre Nathalie Normandeau -c'était rapporté dans La Presse, vendredi- M. Bergeron a insinué que le premier ministre Charest hésitait à toucher M. Delorme. Il n'a pas voulu dire qu'il voyait un «problème», mais a soutenu que M. Charest devait tirer les choses au clair. «Il doit nous dire si, à son avis, cette relation pose problème». Sans même identifier Mme Normandeau, le député Bergeron a soutenu «qu'il y a un doute raisonnable sur l'opportunité de cette personne de demeurer au cabinet».

«Ce type d'attaque basse et vicieuse était prévisible puisque le PQ cherche à faire diversion sur son congrès où les radicaux et extrémistes sont en train de prendre le contrôle du PQ. C'est la méthode Marois», a répliqué l'attaché de presse de Jean Charest, Hugo D'Amours.