Une centaine de soldats des Forces canadiennes basés à Valcartier sont arrivés, jeudi matin, à Saint-Jean-sur-Richelieu. Et quelque 550 autres militaires et réservistes continueront d'affluer aujourd'hui pour aider les sinistrés de 3000 maisons des villes riveraines de la rivière Richelieu aux prises avec des inondations records.

Le premier ministre du Québec, Jean Charest, est venu constater les dégâts à Saint-Jean-sur-Richelieu, bottes de pluie aux pieds. Et il n'a pas mâché ses mots pour décrire la situation. «Depuis les inondations du Saguenay, c'est probablement la catastrophe la plus importante qu'on aura vécue au Québec», a-t-il déclaré.

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Sous une pluie battante, Jean Charest a dit être conscient de l'ampleur du travail à venir: «Nous savons que l'opération qui est maintenant engagée va durer plusieurs jours si ce n'est des semaines. Nous allons travailler pour réparer les dégâts et aider les gens.»

Le premier ministre a indiqué que des compensations gouvernementales couvrant 75% des pertes pour une résidence principale seront versées, jusqu'à un maximum de 100 000$. Il a reconnu que cette aide «ne réussira jamais à compenser tout ce que les gens vont perdre».

Chars dans les rues

C'est la première fois depuis la crise du verglas que l'armée canadienne est déployée en sol québécois pour prêter main-forte à des sinistrés.

Les premiers militaires se sont mis à l'oeuvre, jeudi matin, dans la municipalité de Saint-Blaise, à moins de 10 kilomètres de Saint-Jean-sur-Richelieu. Leur tâche consistait principalement à préparer des sacs de sable dans le garage municipal, que des sinistrés venaient eux-mêmes chercher.

Le garage municipal de Saint-Blaise ressemblait à une fourmilière. La scène était un peu différente de l'autre côté de la rue, à l'hôtel de ville, où plusieurs militaires étaient toujours oisifs vers midi. Certains étaient étendus sur des lits de camp. Dehors, une dizaine de véhicules blindés légers étaient immobiles en attendant les ordres.

Les militaires ont finalement été déployés en après-midi dans les rues inondées de Saint-Blaise. Les troupes ont principalement renforcé les digues autour des résidences inondées.

Quelques voisins épiaient la scène, dont un homme qui faisait des rondes à proximité dans sa chaloupe. «Il n'y a plus rien à faire pour moi, ma maison est inondée, mais il est encore temps de sauver celle de mon ami», a lancé le sinistré, visiblement satisfait de l'intervention de l'armée.

Le convoi a cependant vite repris la direction de l'hôtel de ville pour y attendre de nouvelles consignes.

Pluie incessante

La pluie est tombée sans répit, jeudi, sur la vallée du Richelieu, et continuera de tomber de façon intermittente jusqu'à demain. Le niveau de la rivière augmentait également d'un centimètre à l'heure, selon Hydro Météo. Et une hausse du niveau de l'eau est encore attendue jusqu'à demain.

À Ottawa, le ministre des Ressources naturelles et lieutenant politique de Stephen Harper au Québec, Christian Paradis, a indiqué que les 650 militaires des Forces canadiennes resteront dans la zone sinistrée tant et aussi longtemps que la situation l'exigera.

Il a expliqué que le gouvernement Harper a reçu une demande formelle d'intervention des Forces, mercredi soir, de la part du gouvernement de Jean Charest. Il a refusé de dire s'il jugeait que cet appel à l'aide était venu tardivement, compte tenu de l'étendue des dégâts dans la zone inondée.

Jusqu'à maintenant, 1000 personnes ont évacué leur maison envahie par les eaux. Le nombre de villes touchées par les inondations est passé de 10 à 18 dans la seule journée de jeudi. La crue est si prononcée, que toutes les villes du littoral du Richelieu situées entre le lac Champlain et Sorel sont maintenant touchées par la crise.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, 152 résidences de la municipalité de Saint-Basile-le-Grand ont dû être évacuées de force. La route menant à ces maisons était devenue impraticable.

Hôtels fort occupés

Six centres d'accueil ont été ouverts pour aider les sinistrés. Mais l'achalandage y est faible. Jeudi matin, les centres d'Iberville et de Sainte-Anne-de-Sabrevois étaient déserts. La porte-parole de la Croix-Rouge, Geneviève Déry, explique que les gens viennent chercher de l'information et repartent ensuite.

Certains sinistrés veulent obtenir de l'hébergement temporaire. La demande est si forte qu'il est quasiment impossible de se trouver une chambre d'hôtel à Saint-Jean-sur-Richelieu. Des sinistrés sont hébergés aussi loin que Brossard.

Plusieurs routes sont toujours fermées à cause des inondations. C'est le cas de la 223, entre Carignan et Beloeil. La route 133, à la hauteur d'Otterburn Park, est aussi en partie interdite à la circulation.

- Avec la collaboration de Joël-Denis Bellavance et Ève Couture