La ténacité a fini par payer pour Kanyhuri T. Tchika. Pendant près de trois ans, ce Congolais d'origine s'est battu pour que Marie-Josèphe Angélique ait une rue à son nom.

Or, la Ville a fini par dire oui; c'est le petit parc du métro Champ-de-Mars qui portera le nom de la première esclave noire «officielle» du Québec, exécutée en 1734 pour avoir supposément causé le grand incendie de Montréal.

Pour M. Tchika, la décision est au-delà des attentes: «On voulait la rue Sainte-Thérèse, mais là, c'est beaucoup mieux sur le plan de la visibilité. Non seulement c'est bien situé, mais c'est aussi à l'entrée du Vieux-Montréal, où Marie-Josèphe Angélique a vécu.»

Autre victoire pour M. Tchika: la Ville va aussi nommer une rue en l'honneur de Mathieu Da Costa, premier Noir à avoir foulé le sol de la Nouvelle-France - avec Champlain, en 1604. Son emplacement sera toutefois moins glamour, puisqu'on parle d'un quartier en développement de Rivière-des-Prairies...

La rue Mathieu Da Costa devrait être ouverte au printemps prochain. Quant au parc Marie-Josèphe-Angélique, on parle d'une inauguration officielle en février, pendant le Mois de l'histoire des Noirs.

Ne tirez pas sur la fanfare

Elles sont à Montréal depuis presque un siècle. On les a vues dans des enterrements, des fêtes de quartier et dans un nombre incalculable de processions religieuses. Sans elles, le Montréal italien ne serait pas tout à fait le même.

Et pourtant, la fanfare italienne se meurt (notre photo). Sauf erreur, il n'en reste qu'une seule à Montréal (La fanfare Gentile) et son leader, âgé de 73 ans, songe activement à la retraite.

«Il n'y a pas de relève», déplore Joe Frateli, de l'Ordre des fils d'Italie, qui présente jusqu'à demain une exposition sur l'histoire des bandes italianes de Montréal à la Casa d'Italia. «Avant, les fanfares unissaient la communauté. Mais aujourd'hui, c'est difficile de trouver des jeunes. Ils ne fréquentent pas l'église. Ils ne veulent pas suivre une procession, ils veulent seulement donner des concerts!»

L'expo est modeste: à peine une vingtaine de photos avec une poignée d'artefacts. Mais Joe Frateli espère que cela permettra de «donner de l'intérêt» pour la bande italiane.

Déjà, on parle de créer une nouvelle fanfare avec des étudiants de McGill. Mais seront-ils pratiquants? Voudront-ils jouer pour la madone? Dieu seul le sait...

À la Casa D'Italia (505, rue Jean-Talon Est) jusqu'au 4 novembre.

Vive le Québec juif!

Le judaïsme est-il soluble dans le séparatisme? C'est la question qu'on s'est posée, lundi soir, au Centre Segal pendant la conférence de Guy Bouthillier.

Invité par Lemood, événement juif cool et branché, l'ancien président de la Société Saint-Jean-Baptiste est venu partager ses vues sur la souveraineté et le judaïsme, religion à laquelle il adhère très sérieusement.

Étonnant, vu ses opinions politiques? Pas vraiment. L'idée de l'indépendance du Québec, dit-il, s'est notamment inspirée de la réussite israélienne. «Ce fut un de nos modèles. Ça nous encourageait.»

Son attirance pour le judaïsme n'est venue que plus tard. Mais il s'y consacre désormais à fond. Cinq fois par semaine, M. Bouthillier va à la synagogue. Il lit le Talmud, ce qui l'a fait «rajeunir de 2000 ans». Et il adore apprendre en groupe avec le rabbin.

Prêt pour la conversion? Quand même pas, dit-il. «Je laisse ça à Richard Marceau, qui le fait très bien...»

Richard Marceau, ancien député du Bloc québécois, vient en effet de faire son «coming out juif». Il explique sa conversion dans Juif, une histoire québécoise, qui vient de paraître aux éditions du Marais.

Son cheminement spirituel est intéressant. C'est l'amour d'une femme qui l'a conduit à la synagogue. Mais son témoignage se transforme vite en manifeste pro-israélien. Encore une fois, rien pour élever le débat.

N'empêche. Que voilà un drôle de phénomène... Guy Bouthillier et Richard Marceau, deux «pure laine purs et durs»... Doit-on parler d'une tendance?

Pour une télé plus «ethnique»

Tout le monde est d'accord: la télé québécoise ne reflète assez pas la diversité québécoise. Mais comment faire pour régler le problème?

La question a encore été débattue cette semaine aux Assises de la diversité, organisées dans les locaux de Radio-Canada par le webzine multiculturel Média Mosaïque.

Entre voeux pieux, suggestions et critiques plus ou moins constructives, la rencontre n'a rien donné de très concret. Mais elle a permis d'exprimer le malaise sur la place publique.

Alain Saulnier, directeur de l'information à Radio-Canada, a notamment admis que son service faisait face au «défi de la mixité» et qu'il fallait, plus que jamais, encourager la diversité sur une base quotidienne. «Inviter des gens des communautés seulement parce qu'il y a un drame dans leur pays d'origine, il faut arrêter ça», a-t-il souligné.

Selon le directeur de Média Mosaïque, Donald Jean, ces assises multiculturelles ont au moins le mérite de nourrir les contacts et de provoquer la réflexion. Conclusion provisoire: la diversité de notre télé pourrait passer par plus de partenariats entre médias grand public et médias ethniques. Les premiers rejoindraient ainsi le marché multiculturel, et les seconds profiteraient d'une meilleure infrastructure. «Tout le monde y trouverait son compte», a lancé M. Jean.

Un gala des Lys de la diversité, consacré aux médias multiculturels, sera organisé par Média Mosaïque, le 4 avril prochain.