Guy Turcotte a-t-il agi par colère et vengeance comme le suggère la Couronne, ou parce qu'il était malade comme le soutient la défense? C'est au jury de décider.

Les sept femmes et quatre hommes, qui délibèrent depuis jeudi midi, n'ont pas la tâche facile, puisqu'ils doivent décider entre quatre verdicts. La frontière de ces verdicts n'est pas toujours facile à délimiter.

Non-responsabilité

Selon les directives du juge Marc David, la première question à trancher est celle de la responsabilité criminelle de l'accusé. Si le jury décide que les problèmes mentaux de l'accusé l'empêchaient de former une intention et d'avoir pleine connaissance de ses actes, ils doivent le déclarer non responsable, et leurs délibérations s'arrêtent là. Ils n'ont pas à évaluer les autres options. Pour évaluer cette défense de troubles mentaux, le jury doit se baser sur la «prépondérance des probabilités», et non sur celle du «hors de tout doute raisonnable.»

La maladie mentale est admise par les deux parties, en ce sens que M. Turcotte souffrait d'un trouble d'adaptation avec anxiété et humeur dépressive au moment des faits. Mais est-ce que cela le rendait incapable de juger de la nature et de la qualité de ses actes? Il revenait à la défense de prouver cet aspect. Me Pierre Poupart a plaidé pendant trois jours et demi pour tenter d'en convaincre le jury.

Meurtre premier degré

Si le jury décide que la maladie mentale n'empêchait pas M. Turcotte de savoir ce qu'il faisait, il passe au second verdict proposé: celui de meurtre prémédité. Dans ce cas, c'est le ministère public qui doit prouver «hors de tout doute raisonnable» que l'accusé avait l'intention de commettre le crime et qu'il l'a fait avec préméditation et de propos délibéré. Le plan n'a pas besoin d'être complexe, a noté le juge. Ce crime commande une peine de prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.

Meurtre deuxième degré

L'intention est la même que le meurtre au premier degré, mais il n'y a pas la notion de «avec préméditation et de propos délibéré.» Il s'agit d'un geste impulsif. Ce crime entraîne également une peine de prison à vie, mais ouvre la porte à une libération conditionnelle avant terme. C'est le juge qui fixe cette période d'incarcération, qui peut varier entre dix et 25 ans. Dix ans est la période minimale d'incarcération.

Homicide involontaire coupable

Ce crime est composé de trois éléments essentiels:

Il y a un acte illégal, cet acte était dangereux, et il a causé la mort. C'est un crime d'intention générale, a expliqué le juge, alors que les meurtres prémédités et non prémédités sont des crimes d'intention «spécifique.» Il n'y a pas de peine minimale. Il revient au juge de fixer la peine et sa durée.

Les choses sont rarement toutes blanches ou toutes noires dans un procès. Le jury aura à jongler avec les nuances de la preuve, qui pourraient l'amener à un de ces verdicts par un chemin détourné. Par exemple, le jury pourrait trouver que M. Turcotte est responsable criminellement de ses actes, mais que sa maladie mentale, ou son intoxication au méthanol (du lave-glace) ou ces deux facteurs à la fois, ont diminué cette responsabilité. Si le jury a un doute sur l'intention, il doit déclarer l'accusé coupable d'homicide involontaire, a expliqué le juge.

Le magistrat a totalement exclus l'acquittement, et a signalé que les verdicts devaient être pareils pour les deux accusations. Le petit Olivier, cinq ans, et Anne-Sophie, trois ans, ont été tués de la même manière, à coups de couteau, à peu de temps d'intervalle, selon la preuve.

Les jurés doivent arriver à un verdict unanime.