Le procès de la famille Shafia tire à sa fin à Kingston, en Ontario. Après que la preuve a été déclarée close, mercredi matin, les jurés ont été renvoyés chez eux. Ils doivent revenir lundi prochain pour les plaidoiries. Le sort des trois accusés devrait être entre leurs mains à la fin de la journée mercredi, croit le juge Robert Maranger.

Mohammad Shafia, 58 ans, sa femme, Tooba Mohammad Yahya, 42 ans, et leur fils Hamed, 21 ans, sont accusés du meurtre prémédité de leurs trois filles (soeurs d'Hamed) ainsi que de la première femme de monsieur. Zaïnab, 19 ans, Sahar, 17 ans, Geeti, 13 ans, et Rona, 52 ans, ont été trouvées noyées dans une Nissan au fond de l'écluse de Kingston Mills, le matin du 30 juin 2009.

La famille de trois adultes et sept enfants revenait d'un voyage à Niagara lorsque la tragédie est survenue. La Couronne pense qu'il s'agit de meurtres froidement exécutés pour laver l'honneur de la famille. Les adolescentes s'habillaient de manière trop sexy et fréquentaient des garçons, ce qui contrevenait aux règles établies dans la famille. Les accusés, qui se disent innocents, soutiennent s'il s'agit d'un accident. Au cours du procès, commencé à la mi-octobre, 58 témoins ont été entendus, et 162 pièces à conviction ont été présentées.

Expert en culture afghane

La comparution du dernier témoin de la défense a été plutôt brève, mercredi matin. Nabi Nisdaq, décrit comme un expert en culture et langue afghanes, a expliqué que les hommes afghans jurent souvent quand ils sont fâchés.

«Cela arrive en deux occasions: quand un homme est très fâché et qu'il considère que ce qui arrive n'est pas sa faute, et lorsque des adolescents sont entre eux», a-t-il dit. Selon lui, les jurons sont très utilisés en Afghanistan, mais ils ne traduisent pas nécessairement la vérité. Par exemple, quand un homme traite une femme de «putain», cela ne veut pas dire qu'elle fait le trottoir, a illustré M. Nisdaq.

On sait que, moins de trois semaines après la mort tragique de ses trois filles, Mohammad Shafia les a traitées de putains, de salopes, de filles sans honneur et de tricheuses. Il disait qu'il avait fait ce qu'il fallait, assurait qu'il ne regrettait rien et répétait que l'honneur était plus important que tout. Il disait aussi que, si elles revenaient cent fois à la vie, il les couperait en morceaux cent fois avec un hachoir.

Ces paroles et d'autres tout aussi effrayantes ont été enregistrées entre le 18 et le 22 juillet 2009 (jour de l'arrestation des accusés) par des micros que la police avait installés dans le véhicule de la famille et dans son domicile, à Saint-Léonard. Originaire de l'Afghanistan et très à l'aise financièrement, la famille Shafia a immigré au Canada en 2007.