En pleine crise, le centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB) mandate une « firme externe » pour « faire la lumière » sur la nature du climat de travail à l’école secondaire Saint-Laurent, où trois entraîneurs sportifs ont été accusés de crimes sexuels. Québec, de son côté, entend mener sa propre enquête.

« Au cours des derniers jours, des allégations concernant le climat de l’école secondaire Saint-Laurent ont été rapportées par différentes sources. Ces allégations étant contradictoires avec les informations dont il dispose, le CSSMB est très préoccupé par la situation », indique la direction de l’organisation dans un bref communiqué publié lundi, en fin de journée.

Plus tôt cette semaine, samedi, La Presse rapportait que certains employés de l’école secondaire Saint-Laurent ont tenté de dénoncer, en vain, les abus verbaux et psychologiques de Daniel Lacasse, entraîneur de basketball accusé d’exploitation sexuelle jeudi. Un climat « hyper nocif », marqué par des agressions verbales et de l’intimidation contre les joueuses, régnait au sein du programme de basketball féminin de l’école secondaire Saint-Laurent, selon ce qu’ont aussi rapporté diverses personnes.

Bien connu dans le monde du sport scolaire, Daniel Lacasse, le responsable du programme de basketball de l’établissement montréalais, a été accusé d’exploitation sexuelle. Les deux autres entraîneurs impliqués, Robert Luu et Charles-Xavier Boislard, font face à des accusations de contact sexuel, d’incitation à des contacts sexuels et d’agression sexuelle. M. Boislard a également été accusé d’exploitation sexuelle.

PHOTO SPVM VIA LA PRESSE CANADIENNE

Daniel Lacasse, Charles-Xavier Boislard et Robert Luu

La firme aura pour mandat « d’établir un portrait juste du climat de travail et faire la lumière sur ces évènements », indique le centre de services. Il promet « qu’aucun effort ne sera ménagé pour éclaircir cette situation qui est prise très au sérieux ».

Dans sa déclaration, le CSSMB s’engage à « prendre action » en appliquant les recommandations qui pourraient être formulées par la firme. « La sécurité et le bien-être des élèves et des membres du personnel demeurent la priorité », assure le groupe, dont le directeur général est Dominic Bertrand, qui a lui-même été directeur de l’école pendant quelques années, durant la période où les agressions ont été commises.

En plus des intervenants psychosociaux qui ont été déployés sur les lieux de l’école dans les derniers jours, une ligne téléphonique « dédiée » a été activée, rappelle-t-on. « La communauté sera toujours encouragée à s’exprimer ouvertement aux instances compétentes », conclut la direction.

Plus tôt, lundi, une coalition d’organisme a réclamé l’adoption « rapide et urgente » d’un projet de loi pour « prévenir et combattre » les violences sexuelles en milieu scolaire, en réaction aux accusations déposées contre les trois entraîneurs de l’école Saint-Laurent.

Roberge déclenche une enquête

En soirée lundi, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge a annoncé sur Twitter avoir demandé qu’une enquête du ministère de l’Éducation soit déclenchée. « Élèves et personnel scolaire doivent se sentir en confiance et en sécurité dans nos écoles », a-t-il écrit.

Quelques heures avant, la députée libérale Marwah Rizqy avait réclamé que le ministre déclenche « dès maintenant » une enquête administrative indépendante concernant « l’omerta » qui aurait régné à l’école secondaire Saint-Laurent. À ses yeux, le mandat donné à une firme externe est insuffisant. « Ça ne peut être suffisant. Le donneur d’ouvrage est lui-même une des parties prenantes à ce scandale », a-t-elle dit lundi.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHVES LA PRESSE CANADIENNE

Marwah Rizqy

Mme Rizqy, qui est critique de l’opposition officielle en matière d’éducation et qui représente la circonscription de Saint-Laurent à l’Assemblée nationale, affirme que « les récents évènements à l’école secondaire […] ont créé une onde de choc qui dépasse les murs de l’école » et que « la nature même de la crise commande l’instauration d’un climat de confiance afin de bâtir des liens de communication propices pour libérer la parole des victimes ».

« L’article de la journaliste Alice Girard-Bossé, “L’omerta de la direction » dénoncée, révèle une culture du silence troublante, voire outrageante », a écrit la députée libérale au ministre de l’Éducation dans une lettre transmise lundi après-midi. L’article en question, publié samedi par La Presse, révèle que des employés de l’école secondaire Saint-Laurent ont tenté par le passé de dénoncer en vain des abus verbaux et psychologiques de Daniel Lacasse, l’un des entraîneurs désormais accusés d’exploitation sexuelle.

« Face à des allégations aussi graves et troublantes et des silences lourds de conséquences, je vous demande de déclencher dès maintenant une enquête administrative indépendante, et ce, conformément aux pouvoirs qui vous sont investis d’office [dans] la Loi sur l’instruction publique. Les victimes ont démontré énormément de courage, c’est notre devoir de les soutenir », a écrit Mme Rizqy dans sa lettre au ministre Roberge.

Hugo Pilon-Larose, La Presse, à Québec