(Québec) Les cégeps accusent Québec de faire du « tripotage » dans ses programmes d’études et d’imposer indirectement la loi 101 au réseau collégial. Des amendements présentés par le gouvernement dans sa réforme de la Charte de la langue française coûteront « des millions » et des pertes d’emplois, préviennent-ils.

Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a déposé mercredi un amendement au projet de loi 96 afin d’imposer aux étudiants des cégeps anglophones de suivre trois cours donnés en français afin d’obtenir leur diplôme d’études collégiales.

Le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, s’inquiète que le gouvernement « joue dans la formation collégiale sans que des spécialistes réagissent et amènent différents points de vue ».

« Il ne devrait pas y avoir un tripotage dans la formation sans qu’il y ait un débat et une vue d’ensemble des effets collatéraux », déclare-t-il. Une première conséquence de cet amendement, dit-il, serait de priver d’emploi des enseignants de cégeps anglophones qui ne sont pas en mesure d’enseigner leur matière en français.

Les cégeps accusent également le ministre Simon Jolin-Barrette de transformer le réseau collégial anglophone en « bouc émissaire » de l’anglicisation du Québec. Le gouvernement propose de plafonner la proportion d’élèves inscrits dans les cégeps anglophones à un maximum de 17,5 % des places totales du réseau collégial, sans possibilité de croissance.

« L’amendement proposé vise à inscrire ce gel clairement dans la loi. La mesure proposée permettra d’inverser rapidement la tendance historique du déclin du réseau francophone et de valoriser la langue française comme langue normale des études supérieures au Québec », justifie le cabinet du ministre.

Une façon de faire « hypocrite »

En visite au collège Dawson, un cégep anglophone du centre-ville de Montréal, jeudi, la cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade, a donné une indication claire que son parti n’appuiera pas le projet de loi 96 du ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette. Selon elle, le gel d’effectifs que souhaite imposer le gouvernement est « hypocrite de la part de la Coalition avenir Québec ».

Le chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, a pour sa part affirmé jeudi que les amendements présentés par Simon Jolin-Barrette « ne permettront pas d’empêcher le déclin de la langue française ».

« On est certains que les mesures qui avaient été annoncées comme étant costaudes sont en fait des demi-mesures puis, malheureusement, ne donneront pas les résultats escomptés », a-t-il dit.

Le chef de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, n’a toujours pas tranché s’il appuierait la proposition du gouvernement, affirmant qu’il faut à tout le moins trouver « un meilleur équilibre » entre le réseau collégial francophone et anglophone.