La Villa Sainte-Marcelline, une école privée francophone de Montréal où étudient environ 500 filles de la maternelle au secondaire, pourrait être forcée de quitter ses locaux à la fin de l’année scolaire.

La congrégation religieuse propriétaire des lieux n’a pas l’intention de renouveler le bail de l’école étant donné les travaux coûteux qui doivent y être faits et la situation financière difficile de l’établissement.

« La situation structurelle et financière de la Villa est telle que la Congrégation fait face à l’obligation morale de prendre une décision douloureuse, mais nécessaire pour la sécurité des étudiantes et du personnel », peut-on lire dans un message aux parents daté du 6 octobre.

Les Sœurs de Sainte-Marcelline disent avoir commandé des rapports d’ingénierie qui montrent « qu’environ 12 à 16 millions de dollars doivent être investis pour assurer la conformité et la modernité des bâtiments ». En parallèle, la Congrégation « peine à soutenir la Villa dans un contexte où elle fait actuellement face à d’importants défis financiers ».

« C’est la grosse panique depuis jeudi passé », dit Jacinthe Laporte, mère de trois filles qui fréquentent l’école. Elle dit avoir entamé des démarches auprès de deux écoles primaires pour y envoyer ses enfants si la Villa devait fermer.

« On aimerait ça rester là, puis en même temps, on n’a pas envie de se faire dire à la dernière seconde que ça ne marchera pas », dit-elle en soupirant.

Nina Gonzalez Bychkova, mère d’une élève de la Villa Sainte-Marcelline et elle-même diplômée de l’établissement, affirme que l’école est unique : elle permet d’acquérir les connaissances générales et prône les valeurs de partage chez les jeunes filles.

C’est une école à vocation unique. Juste de penser que cette œuvre est menacée, ça me brise le cœur. C’est inconcevable. Je passe par toutes les émotions depuis jeudi.

Nina Gonzalez Bychkova, mère d’une élève de la Villa Sainte-Marcelline

La fille de Mme Gonzalez Bychkova, Maya Kent Bychkova, une élève de cinquième année du primaire, abonde dans le même sens. « Ça me rend tellement triste et je ne veux pas que ça ferme. Toutes mes amies sont à cette école. Mes enseignants sont vraiment gentils et bons », explique-t-elle.

Des pistes de solution ?

La direction générale de la Villa Sainte-Marcelline a indiqué sur son site web samedi qu’elle « entend appuyer les initiatives de toutes les parties prenantes favorisant la pérennité de l’institution ». Une réunion du conseil d’administration est prévue le 13 octobre « afin d’aborder les questions relatives à l’avenir de l’institution ».

Dans son avis aux parents, la Congrégation dit avoir considéré « toutes les options », y compris une collecte de fonds, mais que celle-ci serait insuffisante, d’après une étude de faisabilité.

Isabelle Roy, présidente de l’Association des anciennes et membre du conseil d’administration de la Villa, assure cependant qu’il y a « des pistes de solution » qui subsistent, contrairement à ce qu’affirme la Congrégation, et que le conseil les étudie sérieusement. « On ne baisse pas les bras », assure-t-elle.

Dans un communiqué envoyé aux médias mardi après-midi, la Congrégation a répété avoir pris une « décision douloureuse ». « Cette situation fait place à un grand deuil pour notre congrégation et nous sommes très sensibles aux répercussions de cette annonce sur les étudiantes, leurs parents et l’ensemble du personnel de l’école », a indiqué sœur Marielle Dion, déléguée régionale des Sœurs de Sainte-Marcelline.

L’école n’a pas directement répondu aux questions de La Presse, nous dirigeant plutôt vers une page de questions et réponses mise en ligne lundi. On peut y lire que la direction n’a « aucunement » anticipé la décision de la Congrégation, annoncée mercredi au conseil d’administration par sa présidente, sœur Marielle Dion.

Dans un message envoyé aux parents vendredi, les associations des parents et des anciennes de la Villa, de même que la Fondation, se disent « sous le choc », mais ajoutent qu’elles se mobilisent devant l’urgence de la situation.

« Nous nous retrouvons presque tous à consoler nos filles bouleversées, à réconforter des professeurs en désarroi, mais aussi en gestion de crise », déplorent-elles. « Nous sommes déterminés à conserver l’esprit Marcelline et vous prions de garder espoir. »

Avec la collaboration de Delphine Belzile et d’Émilie Bilodeau, La Presse