(Québec) Paul St-Pierre Plamondon affirme que des idéologies en provenance de la « gauche radicale », notamment sur l’identité de genre, s’imposent dans les écoles, et demande à Québec de tenir une commission parlementaire avant qu’elles ne soient intégrées dans le corpus scolaire. La ministre responsable de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, Martine Biron, estime qu’une « réflexion » est nécessaire et que le gouvernement devrait fixer « un grand cadre » pour guider les décideurs.

En mêlée de presse mardi, à la reprise des travaux au Parlement, le chef du Parti québécois (PQ) a déclaré que « ce genre de questions-là », en parlant de la présence de toilettes mixtes dans les établissements d’enseignement, des « nouvelles théories d’écriture inclusive », ou bien des pronoms neutres, comme le récent cas d’une personne enseignante non binaire qui demandait à ses élèves qu’on l’appelle Mx Martine (prononcé « mix »), devaient « être débattues ici, à l’Assemblée nationale ».

« Je vois beaucoup d’idéologie en provenance de la gauche radicale qui est imposée, puis c’est là que j’ai un enjeu : lorsqu’on impose des concepts, des manières de faire des nouveaux programmes dans le système d’éducation sans aucun débat démocratique préalable », a dit M. St-Pierre Plamondon.

Appelé à préciser ce qu’il entendait par « gauche radicale », le chef péquiste a affirmé qu’il s’agissait d’un « courant » qui essaie d’imposer sans débats de nouvelles notions, que ce soit « le privilège blanc, l’abolition effective des frontières, le racisme systémique [et] l’écriture inclusive ».

« En seulement 10 ans, on voit un nombre grandissant de nouveaux concepts, de nouvelles choses qu’on ne peut plus faire ou qu’on doit faire, et, à chaque fois, ça s’impose sans qu’il y ait de débats préalables », a-t-il dénoncé.

Une réflexion serait « utile », dit Québec

Martine Biron n’accrédite pas la thèse selon laquelle les débats liés aux questions d’identité de genre proviennent de la « gauche radicale ». Selon elle, la situation n’est pas « si blanc ou noir que ça ». Or, la ministre responsable de la lutte contre l’homophobie et la transphobie se dit « d’accord avec l’idée qu’il faut réfléchir » et « regarder comment agir ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La ministre responsable de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, Martine Biron

« On est interpellé, nous au gouvernement, à la petite semaine, à la journée, sur chaque cas isolé dans une école, dans un gym ou autre », a-t-elle affirmé lors d’un point de presse, mardi.

« Je pense que ce serait utile » de mener une réflexion, a-t-elle ajouté. « Est-ce que c’est un débat à l’Assemblée nationale ? Est-ce que c’est une commission parlementaire ? Est-ce que c’est un comité d’experts ? Je ne sais pas. Mais je pense qu’il faut qu’on ouvre une réflexion pour voir qu’est-ce qu’on fait en général, mettre justement ce grand cadre ».

Un tel cadre, comme le gouvernement le fait dans d’autres domaines, est une meilleure option à ses yeux que « commencer à faire des politiques mur à mur sur chaque petit cas qui nous est soumis ».

Une réflexion serait utile surtout parce que « le débat se polarise ». Elle condamne le « déferlement de haine » contre la personne enseignante non binaire, qui se nomme Mx Martine, embauchée dans une école primaire de la Montérégie.

« On l’a vu avec les drags aussi. Le débat se polarise sans raison, parce que c’est quand même assez inoffensif, ce qui se passe. Il faut voir les choses avec calme et essayer de prendre des décisions qui sont posées et qui conviennent, car il ne faut pas oublier que ce sont des cas isolés », a-t-elle expliqué.

Du reste, « il n’y en a quand même pas tant que ça, des non binaires et des trans au Québec. Ils sont à peu près 16 500 ».

Transition de genre chez les mineurs

Par ailleurs, Paul St-Pierre Plamondon a également commenté mardi la décision des militants conservateurs, réunis le week-end dernier à Québec, qui ont adopté une résolution concernant les enfants trans visant à interdire les interventions médicales ou chirurgicales « qui changent la vie des mineurs pour traiter la confusion ou la dysphorie de genre ».

« Si vous ouvrez le Code civil, il y a plusieurs choses pour lesquelles on protège les mineurs avant 18 ans. Si vous regardez la loi sur la protection du consommateur, on empêche certaines publicités, on empêche certaines décisions en bas de 18 ans pour de bonnes raisons. Donc, à plus forte raison s’il s’agit d’une opération irréversible ou de décisions extrêmement lourdes de conséquences, je pense qu’on doit réfléchir à la protection des mineurs », a affirmé le chef du Parti québécois, qui en « appelle à la prudence parce que des mineurs [doivent], comme dans d’autres domaines, faire l’objet d’un statut juridique différent des majeurs ».

En mêlée de presse, le chef parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, a répliqué que « les enfants trans [sont] des enfants qui ont besoin de soins médicaux [et] qui ont besoin d’être accompagnés ».

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois

« Il faut bien faire les choses, et c’est correct qu’on en parle, mais d’entendre M. Plamondon et [le chef conservateur Pierre] Poilièvre intervenir comme ils l’ont fait dans les derniers jours sur ce dossier-là, je ne comprends pas », a-t-il dit.

« Les enfants trans ont huit fois plus de chances de se suicider que les autres enfants. Ça, ce n’est pas l’idéologie de la gauche radicale, c’est un fait. Je pense que les politiciens devraient laisser ces enfants-là tranquilles », a conclu M. Nadeau-Dubois.