Jusqu’à 700 pertes d’emplois, des facultés « en péril » et la fin pour certaines équipes sportives : la hausse des droits de scolarité pour les étudiants canadiens des autres provinces pourrait avoir des conséquences « très importantes » pour l’Université McGill, prévient son recteur, Deep Saini.

Ce qu’il faut savoir

  • Le gouvernement Legault a annoncé à la mi-octobre qu’il y aurait une hausse des droits de scolarité pour les nouveaux étudiants canadiens des universités anglophones.
  • Le recteur de l’Université McGill estime qu’il s’agit d’une « menace à la culture » de l’établissement.
  • Si Québec va de l’avant, l’université montréalaise avertit que cela pourrait se traduire par la perte de 700 emplois.

Québec a annoncé en octobre son intention de faire passer, dès l’an prochain, de près de 9000 $ à 17 000 $ la facture annuelle des nouveaux étudiants canadiens des universités anglophones.

Le gouvernement plaide que la majorité de ces étudiants quittent le Québec après y avoir étudié en anglais en bénéficiant de droits de scolarité avantageux.

Ces changements « sont une menace à la culture même de l’Université McGill », écrit le recteur dans un message envoyé jeudi à la communauté universitaire.

Il estime que puisque les droits de scolarité « seront nettement plus élevés » au Québec que dans d’autres provinces canadiennes, beaucoup iront étudier ailleurs.

L’université cherche à combler ce manque en recrutant des étudiants au Québec et à l’international, mais, ajoute le recteur, les « estimations les plus optimistes » montrent que « tout au plus 80 % des places laissées vacantes par les étudiant(e)s d’ailleurs au Canada seront ainsi revendiquées, et cette proportion ne dépasserait pas 20 % dans le pire des scénarios ».

Cette réduction pourrait entraîner des pertes de revenus de 17,6 à 69,8 millions et entraîner la suppression de 700 emplois et un gel des embauches.

Certaines facultés pourraient être particulièrement touchées, poursuit M. Saini.

« Le coup sera particulièrement dur pour l’École de musique Schulich, dont la population étudiante au premier cycle provient à près de 40 % de l’extérieur du Québec », écrit-il.

La faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement et la faculté des sciences de l’éducation seraient aussi touchées.

Enfin, des projets d’infrastructure pourraient être compromis, dit le recteur. « Déjà, les banques ont haussé le taux d’intérêt à court terme imposé à l’Université à la suite de l’annonce gouvernementale », écrit-il.

La survie de certaines équipes sportives serait aussi en jeu, le recteur évoquant une « dissolution » ou une « amputation » de certaines équipes des Redbirds et des Martlets.

En 2022, 47 % des étudiants de l’Université McGill déclaraient que leur langue maternelle était l’anglais ; 20,5 % des étudiants étaient de langue maternelle française. Les 32,5 % restants avaient une autre langue maternelle que le français ou l’anglais.

Près de la moitié des étudiants venaient du Québec, 22 % d’une autre province canadienne et 30 % étaient des étudiants internationaux.

Une mesure pour « contrer le déclin du français », dit Legault

Mardi, plus d’une centaine de membres de la communauté de l’Estrie se sont réunis pour manifester leur appui à l’Université Bishop’s, dont la survie serait menacée par la hausse des droits de scolarité décrétée par le gouvernement Legault.

Lisez notre texte « Nous sommes ici pour vous, Bishop’s »

Le même jour, l’Université Concordia a mis en garde contre des « répercussions financières dévastatrices ».

Selon le recteur Graham Carr, l’université s’attend à ce que les inscriptions au premier cycle provenant des autres provinces diminuent de 65 à 90 % dès la mise en œuvre de la politique l’automne prochain.

Lundi, le premier ministre François Legault a affirmé qu’« il y a 9 % d’anglophones au Québec », mais que « 25 % des places dans les universités au Québec » sont dans les trois universités anglophones.

« Actuellement, il y a un déclin du français au Québec, a-t-il dit. Et entre autres, il y a beaucoup d’étudiants anglophones. Donc, l’idée des mesures annoncées, c’était d’arrêter la progression du nombre d’étudiants anglophones au Québec. »

Le premier ministre se dit prêt à rencontrer les dirigeants des universités Bishop’s, Concordia et McGill dans les prochaines semaines.

Avec La Presse Canadienne

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