La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) poursuit sa grève et demande à Québec de « prendre les négociations au sérieux », mais aussi de clarifier ce qu’il attend aux tables de négociations.

La dernière fin de semaine de négociations a été « difficile et décevante », déplore le syndicat, dont les 66 000 enseignants sont en grève générale illimitée depuis le 23 novembre.

« Les prochains jours seront déterminants pour qu’on arrive à une entente satisfaisante avant les Fêtes », a déclaré Mélanie Hubert, présidente de la FAE, en point de presse à Montréal, lundi.

Le syndicat dit avoir fait « à [son] corps défendant » une concession sur les affectations des enseignants, une demande du gouvernement Legault. La contre-offre déposée mercredi dernier par la FAE proposait « un mécanisme » pour que « le plus grand nombre de postes » soit affecté en juin, a précisé Mélanie Hubert.

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Mélanie Hubert

« On avait espoir que ça ferait débloquer les choses », a-t-elle poursuivi. Le gouvernement aurait répondu en demandant au syndicat d’autres concessions.

La « clé » de la négociation, c’est maintenant « la composition de la classe », dit la présidente de la FAE. Il s’agit d’un « enjeu majeur » qui « à lui seul vaut une bonne partie de la négo ».

« Nous, ce qu’on voulait, c’est que ça fasse un effet très concret : s’il y a trop d’élèves qui ont des difficultés dans une classe, qu’on puisse aller jusqu’à la création de classes pour essayer de mieux répartir les besoins des élèves. Tout ça, c’est encore à l’étape du vœu pieux », dit Mélanie Hubert, qui veut des « changements concrets ».

Le syndicat d’enseignants, dit-elle, poursuit les négociations, mais n’est plus à l’heure des concessions.

« On n’est pas là pour que ça brasse, on est là pour que ça règle », a ajouté Mme Hubert, en référence aux propos du premier ministre François Legault, qui a déclaré la semaine dernière que « ça risque de brasser dans les prochaines semaines » aux tables de négociations.

Au cabinet de la présidente du Conseil du trésor Sonia LeBel on semble avoir une autre vision des choses.

« Nous avons maintenant sur la table les éléments essentiels pour nous entendre. Malgré certains écarts, nous entrons dans une phase cruciale qui nous permettra d’entrevoir une entente qui pourra bénéficier aux élèves et aux enseignants », nous a-t-on écrit.

À quand un retour à l’école ?

Il serait « très, très » optimiste d’envisager que les profs pourraient retourner en classe cette semaine, dit la présidente de la FAE. Mélanie Hubert dit néanmoins que l’obtention d’une entente de principe, même s’il ne s’agit pas d’un « texte final », permettrait aux profs de retourner à l’école.

« Est-ce qu’on peut espérer d’imaginer un retour en classe avant les vacances de Noël ? Nous, on le souhaite », dit Mme Hubert.

Y a-t-il une pression des enseignantes pour régler, maintenant qu’elles sont sans salaire depuis 13 jours ?

« Il y a des profs qui commencent à sentir la pression financière, c’est clair. Ça fait partie des choses qui sont difficiles. On voit le froid, l’usure d’être dehors, être mouillés, comme ce matin. […] Mais plusieurs profs nous disent qu’ils le referaient, parce qu’ils ne peuvent imaginer retourner dans les conditions dans lesquelles ils étaient quand ils sont sortis », a déclaré Mélanie Hubert.

Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse