Deux syndicats ont rejeté jeudi soir l’entente de principe conclue entre la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) et le gouvernement du Québec. Plusieurs enseignantes ont annoncé le résultat des votes en fin de soirée sur Facebook. Jusqu’à présent, l’entente a suscité autant de soutien que d’opposition parmi les syndicats.

Le Syndicat de l’enseignement des Seigneuries a rejeté à 58 % l’entente de principe conclue avec Québec. L’entente avait été présentée jeudi soir en assemblée aux 705 enseignantes de ce syndicat.

Quelques minutes plus tard, les 6400 enseignantes du Syndicat de l’Enseignement de la région de Québec ont également refusé l’accord, à 60 %.

Il y a maintenant quatre syndicats sur neuf qui se sont prononcés contre l’entente (quatre l’ont appuyée). Dans la dernière semaine, le Syndicat de l’enseignement de la région de Laval et le Syndicat de l’enseignement des Basses-Laurentides ont également rejeté l’offre à 68 % et 72 % respectivement.

Le vote a été déchirant pour bien des enseignants. À l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal, le plus gros syndicat affilié à la FAE, l’entente a été acceptée au milieu de la nuit la semaine précédente à 52 %, après plus de 8 heures d’assemblée.

L’entente n’a pas fait non plus l’unanimité du côté du Syndicat de l’enseignement de l’Ouest de Montréal (SEOM), qui a voté dans une proportion de 51 % pour l’entente, avec seulement 76 votes de différence entre les deux camps.

Un seul syndicat de la FAE ne s’est pas encore prononcé, soit le Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska (SEHY), qui votera le 31 janvier. La semaine dernière, le conseil d’administration du syndicat a recommandé à ses membres de rejeter l’entente de principe conclue avec Québec, en raison du « mépris apparent » du gouvernement envers les enseignants.

La présidente de ce syndicat, Sophie Veilleux, n’a pas voulu commenter cette décision « avant que les membres se soient prononcés ». Toutefois, dans son courriel, le syndicat a écrit qu’elle estimait que l’entente de principe « n’améliore pas de manière significative [les] conditions de travail, dont la composition de la classe ».

L’entente sera-t-elle acceptée ?

Avec autant de soutien que d’opposition parmi les syndicats, on ne sait toujours pas si l’entente de principe sera acceptée par la FAE.

On entend généralement qu’elle doit être acceptée à la double majorité, soit 50 % des voix et 50 % des syndicats affiliés, pour qu’elle soit entérinée. En fait, la procédure est plus complexe.

Pour être entérinée, l’entente doit obtenir une majorité d’« unités syndicales » et une majorité de « mandats » en sa faveur.

Tout d’abord, six « unités syndicales » sont attribuées à chacun des neuf syndicats. Si un syndicat possède plus d’une accréditation, soit plus d’un centre de service scolaire, ces unités sont divisées en nombre égal entre chacune de ses accréditations. Cette distribution d’unités permet de refléter d’éventuelles disparités de votes entre les centres de service scolaire au sein d’un même syndicat.

Ensuite, des « mandats » sont attribués à chacun des syndicats en fonction du nombre de leurs membres. Pour chaque syndicat, les votes sont automatiquement attribués à l’option qui l’a emporté lors de l’assemblée. Par exemple, à l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal, bien que l’entente ait été acceptée à seulement 52 %, tous ses « mandats » étaient considérés comme « pour ».

La population devra être patiente avant de connaître l’issue du vote. Puisque la distribution de ces unités et de ces mandats n’est pas connue du public, il ne sera pas possible de savoir si l’entente sera entérinée avant le 7 février, lorsque la FAE fera l’annonce du résultat.

La FAE compte neuf syndicats affiliés qui réunissent 66 000 profs. Dans le cadre des négociations menant au renouvellement de leur convention collective, ceux-ci ont tenu une grève de 22 jours à la fin de la dernière année.

Avec Marie-Eve Morasse, La Presse

État des votes dans la FAE

Ont voté POUR

  • Syndicat de l’enseignement de la Pointe-de-l’Île (SEPÎ) (4384 membres) : acceptée à 58 %
  • Alliance des professeures et professeurs de Montréal (11 343 membres) : acceptée à 52 %
  • Syndicat des enseignants de l’Outaouais (SEO) (6582 membres) : acceptée à 57 %
  • Syndicat de l’enseignement de l’Ouest de Montréal (SEOM) (7266 membres) : acceptée à 51 %

Ont voté CONTRE

  • Syndicat de l’enseignement de la région de Laval (SERL) (6346 membres) : rejetée à 68 %
  • Syndicat de l’enseignement des Basses-Laurentides (SEBL) (5259 membres) : rejetée à 72 %
  • Syndicat de l’enseignement des Seigneuries (SES) (705 membres) : rejetée à 58 %
  • Syndicat de l’Enseignement de la région de Québec (SERQ) (6400 membres) : rejetée à 60 %

N’a pas encore voté

  • Syndicat des enseignants de la Haute-Yamaska (2001 membres) : vote le 31 janvier