La présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Mélanie Hubert, estime que l’entente de principe conclue avec Québec n’est pas celle que les profs auraient nécessairement souhaitée, mais croit qu’il aurait fallu une « entente extraordinaire » pour faire l’unanimité.

« Les résultats des votes nous le montrent, on n’est pas devant un appui massif d’une entente de principe qui satisfait l’ensemble de nos membres », a déclaré en point de presse Mélanie Hubert.

L’entente de principe entre le syndicat enseignant et Québec a été acceptée par les membres le 2 février dernier, quand le dernier syndicat affilié à la FAE, le Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska (SEHY), a adopté à 50,58 % cette entente. Plusieurs autres syndicats ont adopté l’entente de principe à l’arraché.

« Est-ce qu’on pouvait prévoir un résultat serré ? Ça aurait pris une entente extraordinaire pour faire l’unanimité », a déclaré M. Hubert, qui assure ne pas être « amère ».

« C’est une question d’être lucide », a ajouté la présidente de la FAE, qui s’est exprimée publiquement pour la première fois depuis la fin de la grève générale illimitée. Elle était accompagnée des présidentes des syndicats affiliés.

Pourquoi avoir présenté cette entente aux membres, si on estimait que les profs méritaient mieux ?

« On aurait voulu plus, je pense qu’on aurait pu aller plus loin, assurément », a déclaré Mélanie Hubert, qui dit que le comité de négociations de la FAE était arrivé « au bout de ce qu’[il] pouvait faire ».

« Les autres organisations syndicales étaient en train de régler, ça met une limite à ce qu’on peut aller chercher de plus », a ajouté Mme Hubert. La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) – qui fait partie du Front commun – a entériné la proposition de règlement le 22 décembre, soit six jours avant la FAE.

Les quelque 66 000 profs qui sont représentés par la FAE ont tenu une grève générale illimitée en novembre et décembre qui a duré 22 jours.

Dans ces circonstances, « les enchères montent », dit Mélanie Hubert. « Nos membres évaluent l’entente à la hauteur des sacrifices qu’ils ont faits. Ça explique probablement une partie des résultats », a déclaré la présidente de la FAE.

Quant à la manière dont les votes se sont déroulés, critiquée par plusieurs profs, Mélanie Hubert dit que « tous les votes se sont tenus dans les assemblées en tout respect des règles », a-t-elle assuré.

À Montréal, l’assemblée syndicale menant au vote sur l’entente de principe a duré de plus de huit heures et s’est terminée aux petites heures du matin. L’entente a été adoptée à 52 %.

La présidente de l’Alliance des profs de Montréal, Catherine Beauvais-St-Pierre, dit qu’une réflexion sera entreprise sur la manière dont se dérouleront les futures assemblées.

« Une chose est certaine, c’est que lorsqu’on présente une entente de principe pour 5 ans, c’est important que les membres votent en comprenant pourquoi ils votent », a déclaré Mme Beauvais-St-Pierre.

La présidente de l’Alliance des profs dit que chez ses membres, ce qui fait l’unanimité, c’est qu’il ne s’agit pas d’une entente parfaite. Mais les profs sont « dans toutes sortes d’états d’esprit, dans toutes sortes d’émotions », dit-elle.

« Le pouls que vous avez, ce sont les profs qui sortent dans les médias et sur les réseaux sociaux. On le sait, les réseaux sociaux, c’est une chambre d’écho. Est-ce qu’il y a des membres déçus et fâchés ? Oui. Est-ce qu’il y en a qui sont soulagés que l’entente soit adoptée ? Oui », a déclaré Mme Beauvais-St-Pierre.