Pour la prise de notes et la compréhension de textes, tout indique que les enseignants devraient privilégier le papier et le crayon, à en croire l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) selon lequel « le multitâche numérique en classe nuit à l’apprentissage ».

Telles sont les constats que fait l’INSPQ qui a jugé nécessaire de faire une recension de la littérature sur le sujet (sur 19 études ou méta-analyses) intitulée L’utilisation des écrans en contexte scolaire et la santé des jeunes de moins de 25 ans : effets sur la cognition.

« L’ensemble des résultats suggère que l’usage des écrans dans un contexte pédagogique pour lire et prendre des notes n’apporterait aucune valeur ajoutée à la compréhension de texte ou à l’apprentissage, peut-on lire. Lorsqu’il s’agit uniquement de son usage pour lire, les résultats laissent à penser qu’un tel usage pourrait même nuire à la compréhension de texte. »

L’INSPQ précise que la presque totalité des études qu’il a recensée sur la question de la distraction numérique porte sur des jeunes du postsecondaire. Mais à son avis, « il est possible de présumer que les effets négatifs de la distraction numérique sur la cognition sont également présents, voire plus importants chez les élèves du primaire et du secondaire qui présentent une plus grande immaturité et donc, une vulnérabilité cérébrale ».

À notre connaissance, écrit l’INSPQ, « cette synthèse est la première à documenter les effets de la présence des appareils numériques individuels en classe sur la cognition des jeunes, ainsi que les effets sur la cognition découlant de son utilisation à des fins personnelles et pédagogiques pour lire et écrire ».

En juillet, l’UNESCO avait déjà sonné l’alarme. En conclusion de son rapport sur l’utilisation des technologies en classe, l’organisme international disait estimer qu’il existe « peu de preuves solides de la valeur ajoutée de la technologie en éducation ».

Particulièrement problématique en compréhension de lecture.

Ces dernières années, le ministère de l’Éducation a beaucoup insisté sur l’importance de la compréhension de texte, qui a été identifiée comme une faiblesse chez un grand nombre d’élèves.

Or, souligne l’INSPQ, « la majorité des méta-analyses recensées révèlent que la lecture numérique entraîne une diminution de la compréhension de texte par rapport à la lecture papier ».

Comment l’expliquer ? L’INSPQ, en s’appuyant sur les différentes études sur le sujet, identifie trois causes : la fatigue oculaire « pouvant résulter d’une luminosité inappropriée à des appareils numériques individuels » ; le fait qu’à l’écran, on a souvent tendance à lire en diagonale, rapidement et « que les repères spatiaux visuels des pages, comme ses quatre coins ou son début et fin, sont instables ».

En conclusion, l’INSPQ écrit qu’« étant donné les divers risques à la santé associés à l’usage des écrans chez les jeunes, il importe de s’assurer que leur présence en classe vise exclusivement un usage pédagogique circonscrit dans le temps et amène des effets positifs sur l’apprentissage qui outrepassent ceux observés en leur absence ».

L’INSPQ espère que son étude aura une large diffusion. « Ce document s’adresse à tous les professionnels en santé publique et leurs partenaires appelés à intervenir sur la réduction des risques liés à l’utilisation des écrans en milieu scolaire. »

Avec la pandémie, la présence du numérique s’est accélérée en classe et dans plusieurs écoles, les manuels numériques ont entre autres remplacé les manuels en papier. Beaucoup de devoirs et d’examens se font à l’écran.