«Odieux, carrément stupides et ridicules.» Le porte-parole du Bloc québécois sur les questions de justice, Serge Ménard, n'a pas mâché ses mots pour qualifier les propos du député conservateur sortant Daniel Petit, qui a tissé un lien entre l'attitude des députés bloquistes au comité de la justice et les émeutes à Montréal-Nord.

Dans son édition de vendredi, le quotidien Le Soleil faisait état des propos de M. Petit, candidat conservateur dans Charlesbourg-Haute-Saint-Charles, qui se plaignait du fait que chaque fois que le comité de la justice, où les conservateurs étaient minoritaires, avait voulu durcir les lois en la matière, les bloquistes s'étaient objectés. «Alors les problèmes qu'ils ont à Montréal-Nord, on devrait peut-être se poser des questions», avait poursuivi M. Petit.

Au cours d'une rencontre avec la presse, vendredi après-midi à Montréal, le candidat bloquiste dans Marc-Aurèle Fortin, Serge Ménard, s'est dit outré, mais pas surpris, que de tels propos aient été prononcés par M. Petit.

«Moi, ça ne m'étonne pas qu'il ait dit ça. Il a dit tellement de grossièretés en Chambre et devant les comités que ça ne m'étonne pas que celle-là lui soit venue à l'esprit et qu'il l'ait exprimée. Je ne crois pas qu'il avait une intention malicieuse particulière pour avoir dit celle-là. Mais c'est vraiment le genre de choses qu'il dit en Chambre continuellement», a soutenu M. Ménard.

«Y a-t-il quelqu'un d'intelligent qui peut penser que le Bloc est quelque part dans la cause de l'émeute de Montréal-Nord?» a lancé le député sortant du Bloc québécois.

M. Ménard a dit trouver ironique qu'en même temps qu'il accuse le Bloc québécois d'empêcher l'adoption de mesures plus coercitives, le Parti conservateur reproche au Bloc de ne servir à rien au parlement fédéral.

De son côté, le candidat conservateur Petit a publié une brève déclaration, ne reniant pas ses propos mais tentant d'en tempérer la portée.

«Bien que je trouve regrettable l'attitude démontrée par le Bloc dans le cadre des travaux du Comité permanent de la justice, en aucun cas je ne voulais lier cette formation politique aux événements malheureux qui ont eu lieu récemment à Montréal-Nord ni lui attribuer quelque responsabilité que ce soit», affirme-t-il.

M. Ménard a d'autre part fait valoir que les statistiques sur la criminalité prouvent que c'est le Québec qui est sur la bonne voie en matière de traitement de la criminalité juvénile, et non le reste du Canada. «Quand j'étais ministre de la Justice (au provincial), le taux de criminalité juvénile du reste du Canada était 50 pour cent supérieur à celui du Québec, parce que nous avons une approche différente», a-t-il dit.

Il a expliqué que le Québec adapte la peine au jeune, à son crime et à sa situation personnelle, plutôt que d'établir une peine uniforme. «Notre méthode fonctionne; elle donne des résultats», a-t-il tranché.