Le durcissement de la loi sur les jeunes contrevenants, proposé par Stephen Harper, aurait pour effet d'envoyer des adolescents en prison, où ils risquent de devenir les victimes de prédateurs sexuels, a estimé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

«On le sait qu'il y a des problèmes en prison de ce genre, et y envoyer des jeunes, c'est terrible, a affirmé M. Duceppe.«C'est de la jeune chair, on ne se contera pas d'histoire», a ajouté le chef bloquiste. Selon lui, condamner des enfants de 14 ans à des peines de prison à vie est le meilleur moyen d'en faire des criminels endurcis. «La prison, c'est l'université du crime», a-t-il répété.

Gonflé à bloc par les critiques provenant des avocats, des juges, des policiers et des partis politiques à Québec, qui ont tous dénoncé les mesures proposées par les conservateurs, le chef du Bloc a estimé qu'il fallait davantage privilégier les centres jeunesse et les soins psychiatriques pour les jeunes contrevenants qui commettent des crimes très graves.

«Aux États-Unis, dans les États où il y a ce genre de réglementation, la criminalité a augmenté», a ajouté M. Duceppe.

Le chef bloquiste a reçu un appui de taille, ce matin. La Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) a exhorté ses membres à voter en faveur du Bloc, «le seul parti qui peut empêcher les conservateurs de devenir majoritaires».

«Chaque fois qu'on a eu besoin de lui dans les deux dernières années, Gilles Duceppe était là pour défendre nos positions à Ottawa», a souligné le président de la FTQ, Michel Arsenault.

«Nous mettons à la disposition du Bloc tous nos militants syndicaux, dans tous les comtés où ce sera nécessaire», a-t-il lancé en guise d'introduction de M. Duceppe, qui a fait une courte allocution, à huis clos, au conseil général annuel de la centrale syndicale, qui compte plus de 550 000 membres.

Déclaration extrême

En conférence de presse à Vancouver, Stephen Harper a poussé un soupir d'exaspération lorsqu'il a été appelé à réagir aux propos de Gilles Duceppe.

«Encore, M. Duceppe cherche une raison d'être pour son parti par des déclarations extrêmes», a-t-il dit.

Il a ensuite tenté de remettre les pendules à l'heure quant à l'esprit des changements qu'il entend faire à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.

«Premièrement, comme nous l'avons dit plus tôt cette semaine, la loi actuelle et les provinces déterminent l'âge pour les sentences. L'âge n'est pas 14 ans au Québec. Deuxièmement, on parle ici de sentences plus fortes, mais on parle aussi de crimes très graves, très sévères, comme le meurtre, les graves crimes sexuels», a-t-il dit.

« C'est évident que la population du Canada et même du Québec pense que la vraie sentence pour un tel crime n'est pas la garde d'enfants. C'est évidemment nécessaire, même pour de jeunes contrevenants, d'avoir des sentences qui sont appropriées pour les crimes commis.»

Avec la collaboration de Hugo de Grandpré.