À deux semaines des élections fédérales, la lutte demeure très serrée entre le Bloc québécois et le Parti conservateur au Québec.

Malgré l'avalanche de critiques qui s'abat sur les troupes de Stephen Harper au Québec depuis une dizaine de jours, le Bloc québécois ne détient qu'une avance d'un point sur le Parti conservateur, si l'on se fie aux résultats du dernier sondage réalisé par la firme CROP pour le compte de La Presse.

Ce coup de sonde accorde 31 % des intentions de vote au Bloc québécois et 30 % au Parti conservateur. Le Parti libéral et le NPD sont à égalité, mais loin derrière à 16 % chacun. Le Parti vert récolte pour sa part un surprenant 8 % des appuis.

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Chez les électeurs francophones, toutefois, le Bloc québécois obtient un meilleur score en recueillant 37 % d'appuis. Le Parti conservateur arrive bon deuxième avec 29 % contre 16 % au NPD et 12 % pour le Parti libéral, ce qui est presque un creux historique pour lui.

«Il y a une lutte intéressante encore au Québec entre le Bloc québécois et le Parti conservateur. Mais rien n'a vraiment bougé comparativement au mois passé», a affirmé hier Claude Gauthier, le vice-président de CROP.

Cela dit, M. Gauthier a souligné que le Bloc semble enregistrer un léger regain dans certaines régions et chez certains groupes d'électeurs par rapport au dernier coup de sonde réalisé en août.

Ainsi, l'appui au Bloc chez les francophones est passé de 35 % à 37 % tandis que le Parti conservateur a vu ses appuis diminuer de 31 % à 29 %. Dans les régions du Québec (excluant Montréal et Québec), le Bloc a également fait des gains, ses appuis passant de 33 % le mois dernier à 36 % dans le dernier sondage. Les appuis aux conservateurs ont diminué de quatre points de pourcentage, passant de 35 % à 31 %.

Malgré tout, le Bloc québécois risque de perdre quelques-unes des circonscriptions qu'il détient actuellement s'il n'arrive pas à convertir d'autres électeurs à sa cause d'ici le 14 octobre.

Car les résultats du dernier sondage CROP constituent un recul de 11 points de pourcentage par rapport aux appuis obtenus par le Bloc aux dernières élections. Le 23 janvier 2006, les troupes de Gilles Duceppe avaient recueilli 42 % des voix au Québec, un score qui lui avait valu 51 sièges. Le Parti conservateur, pour sa part, a mis la main sur 10 sièges au dernier scrutin en récoltant 24,6 % des voix.

Le pire score du Bloc québécois à des élections fédérales remonte au scrutin de 1997, quand il avait obtenu 38 % des voix et remporté 44 sièges.

«Le Bloc québécois pourrait perdre des sièges en région. Il y a des possibilités que le Parti conservateur puisse faire des gains. Mais contrairement à ce que l'on aurait pu croire en début de campagne, il n'y aura pas de vague conservatrice. Je ne vois pas cela venir présentement et cela risque d'être de moins en moins possible», affirme M. Gauthier.

Stephen Harper conserve tout de même deux atouts qui pourraient l'aider d'ici au jour du scrutin. D'abord, une majorité des répondants (51 %) disent être très ou plutôt satisfaits de la performance du gouvernement conservateur, contre 47 % des personnes interrogées qui affirment être très ou plutôt insatisfaites.

Ensuite, M. Harper est vu comme celui qui ferait le meilleur premier ministre par le plus grand nombre de Québécois, soit 32 % des répondants, mais il est talonné à ce chapitre par le chef du NPD, Jack Layton (27 %). Le chef du Parti libéral, Stéphane Dion, n'a pas vraiment la cote, n'étant le choix que de 16 % des Québécois. Enfin, 14 % des répondants disent qu'aucun des leaders en lice ne ferait un bon premier ministre.

Lorsqu'on demande à quel chef ils font le plus confiance pour défendre les intérêts du Québec, 34 % optent pour le chef bloquiste Gilles Duceppe, 21 % pour Stephen Harper, 12 % pour Stéphane Dion et 11 % pour Jack Layton.

Une forte majorité de Québécois (72 %) croient que le Parti conservateur formera à nouveau le prochain gouvernement contre seulement 15 % qui pensent que le Parti libéral remportera les élections.

Quelque 39 % croient même que les troupes de Stephen Harper obtiendront un mandat majoritaire alors que 54 % estiment que le prochain gouvernement sera à nouveau minoritaire.

La perspective d'un gouvernement majoritaire dirigé par Stephen Harper inquiète une majorité de Québécois (54 %) alors que 45 % disent ne pas craindre une telle éventualité.

Ce sondage a été réalisé du 18 au 28 septembre auprès de 1000 personnes. La marge d'erreur est de plus ou moins 3 %, 19 fois sur 20.