Jean Charest devra attendre s'il veut connaître les intentions de Stephen Harper sur un certain nombre de revendications du gouvernement du Québec.

Lors d'un événement ce lundi matin dans une garderie de la banlieue d'Ottawa, M. Harper a signifié clairement qu'il n'avait aucunement l'intention de répondre à la lettre envoyée par le premier ministre du Québec aux chefs des partis fédéraux afin de connaître leur position sur un certain nombre de dossiers.«C'est notre intention pendant cette campagne électorale de communiquer avec la population plutôt que d'entretenir une correspondance avec les premiers ministres (des provinces), a affirmé le chef conservateur. En tant que premier ministre fédéral je ne fais pas de correspondance officielle pendant la campagne électorale.»

 

Dans une récente lettre aux chefs des partis fédéraux, M. Charest s'est principalement opposé à la réforme du Sénat telle qu'envisagée par Stephen Harper et à la redistribution des sièges à la Chambre des communes. Il a aussi vertement critiqué le durcissement des peines pour les jeunes criminelles, l'intention des conservateurs de créer une Commission canadienne des valeurs mobilières, leur non-respect de l'année de référence pour le protocole de Kyoto et leur refus de renforcer le contrôle des armes à feu.

 

Les compressions dans la culture et le développement régional ont également irrité le premier ministre Jean Charest qui réclame dans sa lettre le rétablissement de ces fonds.

M. Charest souhaite aussi que la reconnaissance de la nation québécoise soit un jour, le moment venu, enchâssée dans la Constitution et que M. Harper respecte sa promesse de 2005 d'encadrer le pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral.

 

«Évidemment nous avons déjà indiqué notre position sur ces questions, a commenté hier le chef conservateur, par exemple le pouvoir fédéral de dépenser. C'est dans notre plateforme. Les principes énoncés demeurent notre position.»

 

Stephen Harper, en réponse à une question d'un journaliste, s'est quand même prononcé sur la réforme du Sénat en soulignant que les changements qu'il proposait étaient de compétence fédérale.

 

«On ne parle pas de réforme constitutionnelle du Sénat mais de réforme de gros bons sens, a-t-il dit, soit limiter le mandat des futurs sénateurs à huit ans au lieu du terme actuel de 45 ans. C'est difficile d'imaginer pourquoi un sénateur pourrait avoir un mandat de 45 ans. C'est incroyable.»

 

Quant au deuxième projet de loi sur le Sénat qu'il entend redéposer s'il est réélu, il consiste à donner au premier ministre un pouvoir de consultation auprès de la population sur le choix des sénateurs. M. Harper a encore affirmé que même si le gouvernement de M. Charest s'opposait à ces changements, il n'en demeurait pas moins que pour lui ces réformes étaient une affaire «de gros bon sens».

Duceppe a répondu

 

Le chef du Bloc québécois avait pour sa part répondu au questionnaire la semaine dernière, a fait savoir son entourage, hier. Dans une lettre envoyée au premier ministre Charest, mercredi dernier, Gilles Duceppe dit appuyer « sans réserve » ses revendications.

« Le Bloc québécois rejoint, dans les positions qu'il a déjà exposées et défendues, la position du gouvernement du Québec dans chacun de ces dossiers », écrit le chef bloquiste.

Il fait en outre valoir que le déséquilibre fiscal n'est toujours pas réglé, malgré une augmentation des transferts fédéraux vers le Québec. Concernant l'élimination du pouvoir de dépenser, « tout reste à faire de la part du gouvernement fédéral ».