La direction de la chaîne CTV défend sa décision vendredi de diffuser une entrevue ratée accordée par le chef libéral Stéphane Dion, expliquant que sa valeur informationnelle dépassait la controverse entourant certaines parties de l'échange qui ne devaient pas être mises en ondes.

Le président de CTV News, Robert Hurst, a indiqué que les producteurs et les autres cadres de Toronto et d'Halifax s'étaient rencontrés après l'entrevue jeudi après-midi pour décider de la marche à suivre dans ce dossier. M. Hurst a ajouté que malgré le fait que le chef d'antenne d'Halifax Steve Murphy ait déclaré «que l'entrevue n'allait pas être diffusée», le réseau a décidé d'aller de l'avant en présentant son contenu intégral.«Nous avons décidé que nous avions la responsabilité de montrer aux gens des Maritimes ce qui s'était exactement passé, a expliqué M. Hurst. C'est une histoire potentiellement importante et nous voulions la diffuser au complet».

Certains analystes ont questionné la valeur informationnelle de cet échange laborieux qui a duré 12 minutes au cours duquel M. Dion demande à l'hôte de recommencer trois fois l'entrevue parce qu'il ne comprend pas une question sur l'économie.

Le professeur à l'école de journalisme Ryerson, Paul Knox, affirme qu'il ne comprend pas les motivations du réseau à mettre rapidement l'entrevue en ondes, ajoutant que si les cadres croyaient que l'histoire était si importante ils l'auraient diffusée à travers le pays. Or, l'entrevue n'a été diffusée que sur l'heure du souper jeudi dans l'Atlantique et dans l'émission nationale de Mike Duffy.

Du côté des libéraux, un porte-parole a assuré qu'un responsable de la chaîne CTV lui avait dit à l'hôtel où se déroulait l'échange jeudi que les premières minutes allaient être coupées, mais que le plan avait changé après des discussions avec le bureau de Toronto.

«Ils ont dit qu'ils n'iraient pas en ondes avec les mauvais extraits et ils y sont allés. Toronto a décidé de revenir sur sa décision pour embarrasser M. Dion. C'est aussi simple que ça», a déclaré le porte-parole des libéraux, Mark Dunn.

Pour sa part, le professeur d'éthique médiatique à l'Université Wisconsin-Madison, Stephen Ward, croit qu'il n'y a rien de vital dans cette entrevue qui justifie la décision de renverser l'entente de non-diffusion entre la chaîne CTV et le Parti libéral du Canada.