Stéphane Dion restera vraisemblablement silencieux pour une deuxième journée de suite alors que les rumeurs sur son éventuelle démission se font plus persistantes que jamais.

Stéphane Dion est demeuré silencieux pour une deuxième journée de suite alors que les rumeurs sur son éventuelle démission se font plus persistantes que jamais.

Un membre du caucus libéral a même lancé la première pierre publiquement jeudi en fin de journée en demandant la tête du chef du Parti libéral du Canada (PLC).

L'ancien ministre de l'Immigration, Joe Volpe, a affirmé en entrevue au journal italophone de Toronto «Corriere Canadese» que le parti devait entamer une course au leadership dès que possible.

«Il est temps pour le parti de recommencer son processus de reconstruction. Clairement, il apparaît évident que personne ne va lui donner la chance de faire cette reconstruction et j'aimerais qu'il quitte avec dignité», a soutenu un peu plus tard le député de la région de Toronto, au réseau CTV.

M. Volpe avait participé à la course à la direction du PLC il y a deux ans, mais il s'était rangé après le premier tour derrière Bob Rae.

Il est le seul membre du caucus à être sorti publiquement contre M. Dion depuis la dure défaite de mardi, les autres préférant laisser retomber la poussière et attendre qu'il sorte de son mutisme.

M. Dion n'a toujours pas convoqué la presse pour l'informer de sa décision quant à son avenir, laissant s'emballer la machine à rumeurs, alors qu'il apparaît de moins en moins probable qu'il décide de demeurer en poste.

Un source libérale a confié qu'en raison de son «instinct batailleur», M. Dion est sans doute tenté de rester malgré les pressions, mais que le leader du PLC sait au fond qu'il ne peut pas faire autrement que de déposer les armes.

Selon cette source, il est désormais temps pour le parti de passer à autre chose.

Le député de Hull-Aylmer, Marcel-Proulx, croit cependant que s'il n'a toujours pas parlé, c'est que M. Dion évalue encore toutes les options possibles. Selon lui, sa décision pourrait ne pas encore être arrêtée.

«S'il l'avait prise, pourquoi ne l'annoncerait-il pas?», s'est-il demandé.

Chose certaine, à son avis, tout le parti doit se pencher sur les raisons de sa défaite et faire un examen de conscience.

«J'ai l'impression que c'est ce que M. Dion est en train de faire avec son entourage» rapproché, a-t-il avancé.

Aucun des députés contactés par La Presse Canadienne n'avait été convoqués pour l'instant à un caucus «post-mortem» visant à faire le point sur cette défaite.

Le parti de M. Dion a subi un revers historique mardi, récoltant 19 sièges de moins que ce qu'il avait obtenu lors des dernières élections générales, en 2006. Seuls 26,2 pour cent des électeurs lui ont accordé leur voix, soit moins que les 28 pour cent comptés par John Turner, en 1984, l'une des pires défaites des libéraux.

En dépit de ce faible score, M. Dion a laissé entendre dans son discours où il concédait la victoire à Stephen Harper qu'il resterait chef de son parti et qu'il acceptait «avec honneur» d'être le chef de l'Opposition officielle.

Sa retraite depuis laisse présager le contraire.

Au Parti libéral, hormis M. Volpe, les députés ont jusqu'à présent affiché, en apparence, une solidarité envers lui.

«Ce n'est pas le temps de faire virevolter les couteaux comme cela a été fait dans le passé», a avancé la députée de Laval-Les Iles, Raymonde Folco.

«Je le connais. Ce n'est pas le genre d'homme qui resterait s'il pensait que cela pourrait nuire à son parti», a-t-elle conclu.

Selon la députée, il est tout à fait normal que M. Dion «ferme portes et fenêtres» pour quelque jours, histoire de réfléchir à son avenir, à celui de son parti, voire à celui de son pays.

Pendant ce temps, la liste des candidats potentiels pour le remplacer s'allonge. Le nom de l'ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick, Frank McKenna, circulerait beaucoup dans les rangs libéraux, tout comme celui de l'ancien ministre des Affaires étrangères, John Manley.

Les anciens rivaux de M. Dion dans la course à la direction du parti, Bob Rae et Michael Ignatieff, font également partie des candidats pressentis, tout comme le député de Bourassa Denis Coderre et le néophyte Justin Trudeau.