Les trois partis de l'opposition disposent de 36 jours pour empêcher les troupes de Stephen Harper de remporter la majorité des 308 sièges à la Chambre des communes.

À la veille du premier jour de campagne, un sondage réalisé par la firme Angus Reid accorde 39% des intentions de vote au Parti conservateur à l'échelle du pays, soit une confortable avance de 14 points de pourcentage sur le Parti libéral, qui récolte 25%. Le NPD arrive troisième avec 19 % des appuis, et le Parti vert récolte 7%.

Généralement, un parti a besoin de l'appui d'environ 40 % des Canadiens pour espérer former un gouvernement majoritaire.

«Les conservateurs se rapprochent d'un gouvernement majoritaire. Ce n'est pas un fait accompli, mais c'est une forte probabilité si les intentions de vote ne changent pas d'ici au scrutin», a affirmé à La Presse hier Jaideep Mukerji, vice-président d'Angus Reid.

L'Ontario, nerf de la guerre

L'Ontario, qui compte 106 sièges aux Communes, sera encore une fois au centre de la lutte que mèneront le Parti conservateur, le Parti libéral et le NPD. Les conservateurs y détiennent actuellement 56 sièges et les libéraux, 37. Autrefois bastion des libéraux lorsque Jean Chrétien en était le chef, la province la plus populeuse du pays est en train de devenir un terreau fertile pour les conservateurs, qui y récoltent en effet 46% des intentions de vote. Le Parti libéral, lui, doit se contenter de 31%.

Avec de tels appuis, les troupes de Stephen Harper pourraient faire quelques gains aux dépens des libéraux, ce qui pourrait leur permettre de former un gouvernement majoritaire. Le NPD, pour sa part, ne récolte que 16% des intentions de vote dans cette province.

«Aux dernières élections, le Parti conservateur a obtenu 39% des voix et le Parti libéral, 34%. L'écart entre les deux partis n'était donc pas très prononcé. Mais si les résultats se maintiennent, les conservateurs feront des gains dans la région de Mississauga, de Brampton et tout près de la grande région de Toronto», a ajouté M. Mukerji.

Le Parti conservateur est d'ailleurs en tête dans toutes les régions du pays, sauf au Québec, où le Bloc québécois est en tête (36% des voix).

Autre bonne nouvelle pour le Parti conservateur, 1  répondant sur 2 (51%) estime que le Canada est sur la bonne voie, alors que 27% croient le contraire et que 22% se disent incertains.

Crainte, la majorité

Cela dit, ce sondage, réalisé auprès de 2365 personnes, démontre encore une fois qu'une proportion importante de Canadiens appréhendent un gouvernement majoritaire conservateur.

À la question de savoir si «le gouvernement conservateur a fait un bon travail et mérite la majorité à la Chambre des communes», seulement 26% ont répondu par l'affirmative. Il y a 20% des Canadiens qui croient que Stephen Harper a fait un travail «adéquat» pour être réélu, mais encore une fois à la tête d'un gouvernement minoritaire.

«L'idée d'une majorité conservatrice est encore très, très problématique pour certains Canadiens. Avec de tels chiffres, cela veut dire qu'il y a même des électeurs conservateurs qui ne croient pas que le Parti conservateur mérite d'avoir un gouvernement majoritaire», a noté M. Mukerji.

Par ailleurs, 40% des répondants affirment que le gouvernement conservateur a fait un «mauvais travail» et ne mérite pas de gouverner, tandis que 14% des gens disent ne pas savoir.

Selon le sondage, 32% des électeurs croient que Stephen Harper ferait le meilleur premier ministre. Le chef du NPD, Jack Layton, est le choix de 17 % des répondants. Seulement 11% préfèrent le chef libéral Michael Ignatieff. La chef du Parti vert, Elizabeth May, n'obtient que 3%.

Stephen Harper obtient aussi le meilleur taux d'approbation, ex aequo avec Jack Layton à 37%. Michael Ignatieff doit se contenter d'un taux d'approbation de 19%, le même score qu'Elizabeth May.

Le sondage a été réalisé en ligne entre le 23 et le 24 mars, 24 heures après la présentation du budget du ministre des Finances Jim Flaherty. La marge d'erreur est de plus ou moins 2 points de pourcentage, 19 fois sur 20.