Mille dollars à chaque début d'année, pour chaque étudiant. Pour son premier engagement électoral de cette campagne, le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, veut encourager les jeunes à faire des études postsecondaires.

Ainsi, un éventuel gouvernement libéral injecterait 1 milliard de dollars par année d'argent neuf dans le «Passeport canadien d'apprentissage», qui prévoit des prestations de 1000 dollars par année à chaque élève du secondaire qui décide d'aller au cégep ou à l'université, pendant quatre ans, - 1500 dollars pour les enfants issus de familles à faible revenu.

Ces fonds, non imposables, non remboursables, seraient mis de côté, de l'âge de 14 à 17 ans, via le programme de Régime enregistré d'épargne études (REÉÉ). Chaque tranche de 1000 ou 1500 dollars serait disponible au début de chaque année de cégep ou d'université, pour un total de 4000 dollars ou 6500 pour les plus démunis.

«Les collèges et universités du pays sont les moteurs de l'économie canadienne, a dit le chef libéral. C'est ici que les emplois sont créés, que l'innovation est développée. C'est ici que l'avenir se joue. Je veux m'assurer que tous les Canadiens, sans exception, aient une chance de contribuer à l'économie de l'avenir, au coeur du moteur.»

Lui-même issu du monde universitaire, Michael Ignatieff, détenteur d'un doctorat en histoire et professeur à Harvard, a parlé d'une véritable «révolution» dans le financement de l'éducation postsecondaire au Canada.

Contrairement à l'actuel programme de REEE, les familles n'auraient pas à débourser elles-mêmes un montant égal à celui du gouvernement, elles n'auraient qu'à ouvrir un compte REEE pour le futur étudiant. Ainsi, même les ménages à très faible revenu pourraient en bénéficier de l'aide gouvernementale supplémentaire, qui s'ajoute aux programmes de prêts et bourses actuels et au crédit d'impôt pour les frais de scolarité. Il remplacerait toutefois le crédit d'impôt pour les études postsecondaires, et celui pour les manuels scolaires.

Les prestations seraient disponibles pendant plusieurs années, pour permettre de la flexibilité, si une personne décidait, par exemple, de prendre une année de pause entre le cégep et l'université ou de retourner aux études après avoir été sur le marché du travail.

«Ça va donner un incitatif incroyable aux gens pour terminer leur secondaire, et aller au cégep et à l'université, a dit M. Ignatieff. Et ce geste d'un milliard, c'est la contribution la plus importante à réduire l'endettement étudiant.»

Mais le chef libéral y est allé d'une mise en garde : «Si tu ne te présentes pas à l'école, tu n'as pas l'argent», a-t-il dit. Il suffira sinon de présenter au début de l'année universitaire une preuve de fréquentation, pour avoir accès aux fonds.

En conférence de presse au Collège technique Sheridan, au sud de Toronto, M. Ignatieff, entouré d'étudiants, a assuré que cet investissement ne constituait pas une ingérence dans les juridictions provinciales.

«Nous respectons les compétences de la province du Québec en matière d'éducation. Le régime d'épargne études est déjà accepté au Québec. La province y contribue. C'est un programme qui a déjà la confiance des familles québécoises, a souligné le chef libéral. Il n'y a aucune ingérence, ça va être une collaboration pour mieux financer les études pour le cégep et l'université pour tous les étudiants au Québec.»

Selon lui, les provinces n'en profiteront pas pour hausser les frais de scolarité.

«Les provinces ont toutes de la difficulté à contrôle la hausse des frais de scolarité, a-t-il dit. Ça augmente partout, parlez-en aux étudiants. Nous proposons une contribution pour aider justement les étudiants et les provinces à contrôler les frais de scolarité.»

Les libéraux entendent financer cet engagement avec l'argent économisé par l'annulation des baisses d'impôt aux grandes entreprises, entrées en vigueur en janvier dernier. Rehausser les taux d'imposition à 18% (plutôt que 16,5% en 2011) permettrait aux libéraux de récupérer 6 milliards de dollars, qu'ils utiliseraient notamment pour ce genre d'investissements en éducation et en santé, ou pour les proches aidants.



De passage à Regina, le chef conservateur Stephen Harper a critiqué l'ampleur de l'investissement, sans parler du contenu de l'annonce.

«Dans le cas de tous les partis de l'opposition, ils ont été clairs. Ils vont hausser les taxes et les impôts. Ils vont dépenser des milliards de dollars. Et si on est prêts à hausser les taxes et les impôts à n'importe quel niveau, on peut promettre des milliards. Nous, nous donnons des choses abordables qui font des vrais progrès pour les familles, a dit M. Harper. C'est ma réaction à toutes ces promesses: ce sont des milliards, des milliards et des milliards. Mais franchement, on doit garder nos taxes et nos impôts bas pour assurer la reprise économique, la sécurité des familles et les jobs. Et on doit faire des investissements abordables pour les familles et les travailleurs.»

Avec Hugo de Grandpré