Ce qui importe pour les jeunes, c'est le monde, et non la protection du français, croit Larry Smith. Dans une interview mardi au Devoir, l'ancien sénateur et candidat conservateur a affirmé que le Bloc incarnait un combat du «passé».



«Les gens veulent avoir plus qu'un protecteur. Ils veulent avoir un homme qui développe les opportunités pour les Québécois, spécialement les jeunes entre 25 et 40 ans. Pour cette génération, la chose importante, c'est le monde, pas la protection des francophones au Québec», y soutenait le candidat conservateur dans Lac-Saint-Louis.

La critique décourage le chef du Bloc. «Qu'il vienne nous dire qu'on ne doit pas protéger la langue publique commune, le français, c'est épouvantable», a lancé Gilles Duceppe mardi matin.

Avant de démissionner de son poste de sénateur, M. Smith siégeait au comité officiel sur les langues officielles. Il n'a assisté à aucune des cinq séances du comité entre son assermentation et sa démission.

Larry Smith affrontera dans Lac-Saint-Louis le député libéral sortant, Francis Scarpaleggia, qui avait gagné en 2008 avec une très confortable avance de plus de 12 000 votes. L'ex-président des Alouettes de Montréal espère devenir le premier député conservateur de la région de Montréal.

M. Smith n'était «pas disponible» pour parler à La Presse mardi. C'est plutôt le lieutenant du parti conservateur au Québec, Christian Paradis, qui a essayé de réparer les pots. «Le combat pour préserver le français est fondamental. Il a toujours fait partie de la politique de notre parti. Notre bilan parle de lui-même, que ce soit la reconnaissance de la nation québécoise ou le siège du Québec à l'UNESCO», assure M. Paradis. Il rappelle que même aux États-Unis, le premier ministre Harper entame ses discours en français. « (M. Harper) flamboie au niveau mondial pour montrer que le fait français est là», ajoute-t-il.

Christian Paradis juge «préoccupante» la place du français à Montréal. Si la défense du français est importante, faut-il donc comprendre que M. Paradis contredit et rabroue le candidat Smith? «M. Smith voue un profond respect pour le fait français, répond-il. Il fait des efforts herculéens pour parler français. Je trouve cela assez épouvantable que la seule chose que le Bloc peut nous livrer, c'est du chialage, de la chicane. Ils essaient de nous attirer dans une trappe, mais on n'embarquera pas dans ça.»

Trop montréalais?

Christian Paradis est le ministre responsable de Montréal. Il accuse quand même le Bloc et les autres partis de l'opposition de trop s'intéresser à la métropole, tellement qu'ils en seraient «obsédés». Comment M. Paradis concilie-t-il cette critique avec sa fonction? «Si on veut une métropole forte, ça prend des régions fortes, et vice-versa», explique-t-il, en soutenant que l'opposition néglige les régions. Il accuse Gilles Duceppe d'avoir «une philosophie ancrée dans le Plateau-Mont-Royal», entre autres à cause de ses positions en faveur des réfugiés qui seraient trop permissives.

M. Paradis est député de Mégantic-L'Érable. Son bureau est à Thetford Mines, à 250 kilomètres de Montréal. «J'aimerais bien qu'on ait un jour un ministre responsable de Montréal qui soit établi à Montréal. Il pourrait mieux percevoir les enjeux et y mettre plus de temps que je ne le fais», avoue-t-il, en ajoutant que M. Smith remplirait bien ce rôle s'il était élu.

Loi 101 au cégep: Duceppe muet

Faut-il étendre la loi 101 aux cégeps ? M. Duceppe refuse de se prononcer. Par souci de cohérence, justifie-t-il. «Je multiplie les interventions à Ottawa pour dire aux partis fédéralistes : vous ne devriez pas intervenir dans ce qui concerne les compétences du Québec. C'est un débat qui se mène à l'Assemblée nationale. Et moi, je suis à la Chambre des communes», affirmait-il.

Or, peu avant, le chef du Bloc avait donné son avis sur un autre sujet qui relève du gouvernement du Québec. Il a rappelé que le Bloc appuie la motion unanime des élus de l'Assemblée nationale contre le kirpan dans l'enceinte des élus. En janvier dernier, la sécurité de l'Assemblée nationale avait exigé que quatre sikhs laissent leur kirpan à l'entrée avant de témoigner en commission parlementaire. À l'initiative de la péquiste Louise Beaudoin, les élus avaient par la suite adopté une motion en faveur de cette décision.

Précisons toutefois que le Bloc s'est  toujours porté en défenseur des motions unanimes des élus québécois, comme c'est le cas avec le kirpan.

De plus, le débat sur le kirpan existe aussi à Ottawa. Le kirpan y est autorisé, et un député libéral en porte un. «Il ne doit pas y avoir de (kirpan) à l'Assemblée nationale et à la Chambre des communes (...) Si c'est vrai dans les avions, ça devrait être vrai dans les enceintes démocratiques», estime M. Duceppe.

Loi 101: le PQ votera bientôt

À Québec, l'application de la loi 101 aux cégeps suscite la controverse. L'idée est défendue par le député Pierre Curzi. Pauline Marois y a donné son appui, mais au moins deux députés, Sylvain Simard et Marie Malavoy, s'y opposent. Les libéraux et les adéquistes n'hésitent pas quant à eux à parler de «radicalisme».

La question sera débattue au congrès national du PQ en avril. Elle figure dans sa proposition principale.

Selon des informations obtenues par La Presse, le Conseil supérieur de la langue française (CSLF) se prononcera bientôt contre cette mesure.