Puisque le gouvernement fédéral n'a pas juridiction en matière de services à la petite enfance, le Parti libéral propose d'aider les provinces et territoires à développer des systèmes... similaires à celui du Québec.

Dans une garderie de Winnipeg, Michael Ignatieff a annoncé un nouvel engagement de sa plateforme axée sur les familles, promettant la création d'un Fonds pour l'apprentissage et les soins à la petite enfance.

Un premier budget libéral y injecterait 500 millions de dollars la première année, pour atteindre un milliard de dollars annuellement à partir de la quatrième année.

Il s'agirait d'un système de partage des coûts auquel les provinces et territoires appliquent en présentant au gouvernement fédéral un plan qui inclut la création de nouvelles places, le développement d'infrastructures ou la formation d'éducateurs et autre main-d'oeuvre qualifiée en petite enfance.

En comparaison, pendant la campagne électorale de 2005-2006, le chef libéral Paul Martin s'était engagé à investir 6 milliards dans le programme national de garderies, dès 2009, ce qui faisait suite à la promesse, en 2004, d'investissements de 5 milliards sur cinq ans. En 2008, son successeur, Stéphane Dion, avait promis 1,25 milliard de dollars, qui devaient créer 165 000 nouvelles places en garderie.

Jeudi, Michael Ignatieff s'est défendu de s'éloigner de l'idée de créer un véritable système pancanadien, uniforme, de service de garde, qu'il avait lui-même annoncé en octobre 2009.

«C'est comme ça que le Canada va bâtir un système national de garderies, a expliqué le chef libéral. Tu le fais en travaillant avec les provinces, petit à petit. Tu n'as pas besoin d'un grand et vaste programme fédéral, qui implique des tonnes de bureaucrates. Ce dont tu as besoin, c'est des fonds rapides, responsables et flexibles qui peuvent répondre aux besoins spécifiques de chaque province.»

Pas besoin, non plus, de se lancer dans de longues et difficiles négociations avec les provinces, a-t-il ajouté, ne voulant pas se risquer à prédire le nombre de places que ça pourrait créer. Actuellement, 80% des enfants canadiens n'ont pas de place en garderie.

L'objectif à long terme, dit M. Ignatieff, est d'offrir à chaque famille qui le désire des places en garderies, de qualité et à un prix abordable. La Prestation universelle pour la garde d'enfants, de 100 dollars par mois, serait aussi maintenue, ont indiqué les libéraux.

Si le Québec jouit d'un système très développé, - voire victime de son succès -, de garderies à 7$, le reste du Canada offre des services très inégaux d'aide à la petite enfance.

Le Québec aurait toutefois aussi accès à ce Fonds fédéral, pour améliorer son système et financer davantage de places dans les Centres de la petite enfance, qui manquent cruellement dans certaines régions. Le gouvernement de Jean Charest a d'ailleurs déjà un plan en ce sens.

Les libéraux disent respecter, avec cet engagement, les compétences des provinces, avec qui ils entendent collaborer étroitement.

«Ce sont les provinces qui livrent ces services. Et nous respectons ça. Il y aura des variabilités entre les réponses des provinces sur ce fonds. L'une va embaucher du personnel, l'autre va créer des espaces, a souligné M. Ignatieff, en conférence de presse dans une garderie de Winnipeg. Ce n'est pas à moi de dire aux provinces quoi faire, surtout pas au Québec. Mais au Québec, il y a des listes d'attentes pour des places en garderies. C'est une bonne réponse du fédéral de dire : que pouvons-nous faire pour réduire ces listes d'attente. C'est un programme flexible.»

Cet investissement est rendu possible, pour les libéraux, grâce à l'annulation des baisses d'impôt aux grandes entreprises (entrées en vigueur en janvier 2011), qui permettraient de récupérer six milliards de dollars, que les troupes de Michael Ignatieff souhaitent investir dans l'éducation, les aînés, les familles, la santé.

L'ancien professeur Ignatieff, et sa femme, Zsuzsanna Zsohar, se sont mêlés à une classe de pré-maternelle de Winnipeg, l'espace de quelques minutes, le temps de discuter avec les enfants, mélanger des couleurs, dessiner des formes, écrire quelques lettres de l'alphabet.