Même s'il souhaite avant tout devenir premier ministre, Jack Layton se dit prêt à s'allier à d'autres partis si un quatrième gouvernement minoritaire consécutif est élu. Mais il n'est pas question que sa formation, le NPD, fusionne avec le Parti libéral.

Le premier ministre sortant, Stephen Harper, martèle depuis le début de la campagne électorale que ses adversaires veulent former une coalition pour prendre le pouvoir. Il brandit le souvenir de l'alliance PLC-NPD, appuyée par le Bloc québécois, qui a failli renverser son gouvernement à la fin 2008 pour placer Stéphane Dion à la tête du pays.

Le chef libéral, Michael Ignatieff, a formellement exclu la possibilité de former une coalition le week-end dernier. Mais Jack Layton garde cette porte bien ouverte.

«Je vais travailler avec le mandat que la population va m'accorder, a-t-il affirmé hier à La Presse. Et je vais être prêt à travailler soit au cas par cas, comme on l'a vu pendant cinq ans, soit avec un arrangement plus ou moins formel, selon le mandat que nous aurons reçu.»

La collaboration du NPD avec ses adversaires politiques a déjà porté ses fruits par le passé, souligne-t-il. En 2005, il a convaincu Paul Martin, alors minoritaire aux Communes, de renoncer à réduire les impôts des grandes entreprises en échange d'un appui à son budget. Les quelque 4,5 milliards ainsi économisés ont été investis dans des mesures environnementales et sociales.

«Les Canadiens veulent que les partis politiques travaillent ensemble pour eux au lieu de s'attaquer tout le temps dans la Chambre des communes», a dit M. Layton.

Pas de fusion

Mais là s'arrêtent les rapprochements avec ses adversaires. Si l'élection de Stephen Harper est le fruit de la fusion de l'Alliance canadienne et du Parti progressiste-conservateur, Jack Layton refuse d'envisager une union semblable sur la gauche de l'échiquier politique. En premier lieu parce que le Parti libéral ne s'est jamais comporté comme un parti de gauche lorsqu'il était au pouvoir.

Il affirme que le gouvernement libéral de Jean Chrétien a réduit les transferts aux provinces dans le but d'éliminer le déficit dans les années 90, en plus de sabrer les programmes sociaux.

«Si nous avons un parti fusionné sous le grand leadership des libéraux, est-ce qu'ils vont adopter des programmes sociaux ou des programmes économiques comme l'a proposé le NPD? Probablement pas, a-t-il indiqué. Parce qu'eux, quand ils avaient la majorité, ils ne l'ont pas fait.»