Un gouvernement conservateur réélu, même majoritaire, ne va pas criminaliser l'avortement ni interdire le mariage entre conjoints de même sexe, a promis Stephen Harper, lundi.

«Je n'ai aucune intention de rouvrir ces deux dossiers», a affirmé le chef conservateur lors du premier arrêt de sa deuxième semaine de campagne électorale à Wainfleet, dans le sud de l'Ontario.

«Ce ne sont pas des priorités», a-t-il ajouté, en réponse aux questions des journalistes.

En tant que premier ministre d'un gouvernement minoritaire, il avait déjà promis de ne pas y toucher, mais plusieurs craignaient tout de même que ces deux sujets controversés ne soient remis à l'ordre du jour par un gouvernement détenant une majorité de sièges au Parlement, et donc en position de force pour imposer ses projets de loi.

Car les conservateurs de Stephen Harper avaient déjà tenté en 2006 de rouvrir le débat sur le mariage gai avec une motion qui prévoyait le dépôt par le gouvernement d'un projet de loi rétablissant la «définition traditionnelle du mariage». La motion avait été défaite et M. Harper, alors premier ministre, avait dit prendre acte de la volonté du Parlement.

Quant à l'avortement, un député conservateur avait déposé un projet de loi privé qui visait à criminaliser le fait de pousser une femme à se faire avorter, perçu par certains comme une première brèche dans la légalité de l'avortement. Le projet a été rejeté lors d'un vote en décembre dernier, Stephen Harper votant même contre.

«Ce ne sont pas des positions du parti», a expliqué Stephen Harper, voulant bien établir la distinction entre d'une part l'avortement et le mariage gai, et d'autre part, le registre des armes de chasse qui sera aboli par son gouvernement, une fois majoritaire. Le démantèlement du registre «est une position du parti, partagée par chacun des membres du caucus», réaffirme-t-il.

Même s'il a fermé la porte, lundi, à rouvrir le débat sur ces deux sujets, Stephen Harper a été en revanche beaucoup moins clair sur ce qu'il entend faire s'il obtient un gouvernement majoritaire à l'issue des élections du 2 mai.

Depuis le début de la campagne, il demande à répétition aux Canadiens de lui donner un gouvernement majoritaire, mais lorsque questionné à ce sujet lundi, il a affirmé que son programme sera identique.

«Notre agenda est le même avec un gouvernement majoritaire ou un gouvernement minoritaire», confirme le chef conservateur, qui affirme qu'il va gouverner «selon notre programme électoral pour lequel nous serons élus».

Un programme qui n'a cependant pas été dévoilé dans son intégralité comme l'a fait le Parti libéral dimanche, les conservateurs ayant préféré jusqu'à maintenant annoncer des mesures à la pièce ou en répéter d'autres contenues dans leur budget mort-né.

«Mais si la population me donne un gouvernement minoritaire, je vais l'accepter», a-t-il aussi promis, avant de se lancer dans une autre attaque contre la prétendue coalition que les partis d'opposition vont s'empresser selon lui de former si les conservateurs ne réussissent pas à mettre la main sur une majorité de sièges le 2 mai.

Pourtant, sa promesse faite lundi d'abolir le registre des armes de chasse ne sera mise de l'avant que s'il est élu avec une majorité de sièges, a annoncé Stephen Harper.

Quant à ses propositions électorales de baisses d'impôts aux familles avec des enfants de moins de 18 ans et de crédits d'impôts pour les activités sportives, elles ne seront mises en oeuvre que lorsque le budget sera rééquilibré, ce qui est prévu en 2015-6. Un gouvernement minoritaire ne survivant vraisemblablement pas jusque-là, Stephen Harper pourrait être forcé de revoir ses projets.