Le Bloc et le Parti libéral demandent à Stephen Harper de rendre public le rapport de la vérificatrice générale sur les coûts du G8 et du G20 en juin dernier à Huntsville et à Toronto.

«Avant d'être élus, les conservateurs disaient qu'ils seraient transparents, qu'ils ne seraient pas cachottiers comme les libéraux. Ils ont une bonne façon de le prouver aujourd'hui », a affirmé Gilles Duceppe ce matin, en visite à Pointe-au-Père dans la circonscription bloquiste de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques.

Le rapport doit être remis aujourd'hui au gouvernement. Techniquement, il doit être déposé à la Chambre des communes avant d'être rendu public. Or, comme la Chambre ne siège pas durant la campagne, les Canadiens risquent de ne pas en avoir pris connaissance avant de voter le 2 mai. Rien n'interdit toutefois à M. Harper de prendre l'initiative de le dévoiler. Mais il n'a pas l'intention de le faire.

«Nous n'allons pas nous ingérer dans les rapports que la vérificatrice générale dépose au Parlement. En fait, nous sommes un peu surpris (que le Bloc et les libéraux) proposent cette approche», dit un stratège conservateur.

Comme ils le font depuis le début de la campagne, les conservateurs ont accusé la « coalition broche à foin » d'être responsable de ce délai.

Chez les conservateurs, on rappelle qu'en 2007, la vérificatrice générale affirmait que «la divulgation prématurée » se faisait «au mépris du droit donné par la loi à la Chambre des communes de recevoir (les) rapports et pourrait représenter une atteinte aux privilèges parlementaires.» Cette citation faisait toutefois référence aux fuites des rapports dans les médias, et non à leur dévoilement volontaire par le premier ministre.

Coûts dénoncés

On estimait à 1,1 milliard de dollars le coût de ces deux sommets. Ils ont finalement coûté 858 millions. Les trois quarts du budget ont été consacrés à la sécurité. Ces coûts ont été fortement dénoncés. Des experts ont notamment soutenu que le gouvernement aurait sauvé de l'argent s'il avait choisi un autre lieu.

Michael Ignatieff accuse les conservateurs d'avoir choisi de tenir l'événement dans la circonscription de Tony Clement, même si ce choix s'annonçait plus coûteux. «Lorsque (ce choix de lieu) n'a pas fonctionné, M. Harper a changé de site à la dernière minute. Le sommet n'aurait pas lieu à Muskoka, mais plutôt à Toronto. Cette volte-face a entraîné des coûts exorbitants et créé un cauchemar sur le plan de la sécurité qui continue de ternir l'image de Toronto », a dénoncé le chef libéral tôt ce matin.

Plusieurs dépenses ont aussi retenu l'attention. Par exemple, 20 776$ ont été déboursés pour une sculpture sur glace et 86 638$ pour des chandails et épinglettes.

En point de presse ce matin, M. Duceppe a quand même avancé le chiffre d'un milliard. «On a dépensé un milliard en trois jours. Ils ont construit un lac artificiel à côté du lac Ontario!», a-t-il raillé.

Le Parti libéral demande aussi que M. Harper rende public le rapport.

La police critiquée aussi

Les coûts de sécurité mais aussi les méthodes des policiers avaient été dénoncées à la suite des sommets. Une enquête avait d'ailleurs été commandée à ce sujet en novembre dernier, notamment quant aux arrestations sans mandat et aux conditions de détention.

Les manifestants ne s'étaient toutefois pas attiré la sympathie des conservateurs. Un député albertain, Brent Rathgeber, avait déclaré que les manifestants voulaient seulement «passer aux nouvelles» et «perturber le sommet».

Le chef de police de Toronto avait avoué au Comité permanent de la sécurité publique à Ottawa que des arrestations avaient été faites sans mandat. Sa gestion du dossier avait courroucé la bloquiste Maria Mourani.