Après que son parti ait promis de verser à Québec 2,2 milliards de dollars pour l'harmonisation des taxes de vente, Stephen Harper n'a toujours pas expliqué où il trouverait l'argent pour le faire. Il s'est contenté de répondre mardi que cette somme ne serait versée qu'une fois, ce qui ne modifierait pas la trajectoire vers l'élimination du déficit.

Mais à moins d'effectuer des compressions budgétaires ailleurs, la facture de la compensation va néanmoins venir gonfler le déficit du Canada.

Cette compensation pour l'harmonisation par Québec de la TPS et de la TVQ était absente du dernier budget fédéral, mais a fait l'objet d'une promesse électorale la semaine dernière par le lieutenant de Stephen Harper au Québec, Christian Paradis.

La promesse a surpris puisque le Bloc québécois réclame sans relâche la compensation pour ce vieux contentieux Québec-Ottawa et avait de plus fait du 2,2 milliards une condition sine qua non de son appui au budget.

Sa présence dans le dernier budget fédéral aurait donc pu éviter cette élection que le Parti conservateur affirme pourtant ne pas avoir souhaitée.

Questionné sur l'opportunisme d'avoir offert ce «cadeau» au Québec alors qu'il courtise le vote de ses électeurs, M. Harper a affirmé que la compensation n'était pas incluse dans le dernier budget fédéral parce qu'il ne s'agit pas d'une mesure budgétaire, mais aussi, parce que les négociations se poursuivent avec le ministre des Finances québécois.

«Nous n'avions pas un accord avec Québec au moment du budget mais nous faisons maintenant un engagement dans cette campagne», a affirmé mardi le chef conservateur dans une caserne de pompiers de Victoriaville.

Ce dossier serait réglé d'ici le 15 septembre si le gouvernement conservateur est réélu, a réitéré M. Paradis, vendredi dernier.

Québec s'attend à recevoir 2,2 milliards, mais pourrait être déçu.

Contrairement à Christian Paradis qui a indiqué que Québec aurait la totalité de la somme réclamée, Stephen Harper ne s'est pas mouillé sur le montant du chèque, laissant entendre que cet aspect n'est pas encore réglé.

«Pour le coût, évidemment, je m'attends... on doit négocier... mais je m'attends à un coût important, mais pour cette année», a hésité Stephen Harper.

«C'est un coût d'une seule fois, ça ne change pas la direction du déficit pendant les années à venir», a-t-il poursuivi.

Mis en contradiction avec les déclarations de son chef, Christian Paradis a tenté de concilier les deux versions.

«Ça va être dans ces eaux-là», a-t-il dit

Si la compensation offerte s'approche des 2,2 milliards réclamés, elle sera presque équivalente au total des nouvelles dépenses incluses dans le dernier budget, qui se voulait maigre pour continuer le chemin vers le retour à l'équilibre budgétaire.

Ce qui soulève des questions sur la provenance des fonds, pourtant apparemment non disponibles pour d'autres promesses des conservateurs.

Pour fins de comparaison, le plus coûteux engagement de Stephen Harper dans sa campagne électorale est celui déjà annoncé sur les baisses d'impôt aux familles avec des enfants de moins de 18 ans, une dépense chiffrée à 2,5 milliards $ par an. Mais la mesure n'est pas offerte maintenant, puisque le Canada n'en a pas encore les moyens, a affirmé Stephen Harper.

Elle ne pourra être réclamée que lorsque le pays sera de retour à l'équilibre budgétaire, ce qui est prévu, selon les conservateurs, vers 2015-2016.

La promesse de compensation pour les taxes de vente sera incluse «en noir et blanc», y compris le montant, dans le programme électoral du parti, a promis mardi M. Harper, en point de presse à Victoriaville.

Il en a profité pour décocher une flèche à son adversaire, le chef libéral Michael Ignatieff, qui a omis cette indemnisation dans son propre programme électoral, bien qu'il se dise favorable à un tel paiement.

M. Ignatieff estime que si le chef conservateur s'attendait à régler la question en septembre sans avoir prévu dans ses livres la somme de 2,2 milliards, il s'agit d'un geste «irresponsable», mais aussi d'une promesse vaine.

Sceptique au sujet de la promesse conservatrice, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, dit ne plus savoir à qui se fier.

«M. Flaherty (Jim, le ministre des Finances) nous dit que ce sera exactement le même budget, il a dit ça lundi. Et M. Paradis nous dit: «non, non, le 2,2 va être dedans'. (...) Je ne sais plus de quel budget il parle actuellement», a lancé le chef bloquiste, alors qu'il se trouvait à Pointe-au-Père, dans le Bas-St-Laurent, notant que les deux ministres du gouvernement Harper se contredisent.