Le Parti conservateur est la seule formation fédérale à défendre l'industrie de l'amiante chrysotile, affirme Stephen Harper. De passage au Québec, mardi, il a accusé le Bloc québécois de vouloir «fermer les mines» de cette industrie locale, mais controversée.

«Ce n'est pas sérieux, ça!», a réagi Gilles Duceppe peu après cet après-midi à Sainte-Flavie. «Nous, on dit que la façon d'utiliser l'amiante est sécuritaire, a-t-il ajouté. On s'est toujours porté à la défense (de l'industrie), dans la mesure où les normes sont respectées. Il y a quelques années, on a même nolisé un avion pour amener des ambassadeurs de d'autres pays visiter des mines et voir notre façon de faire.»

Le chef conservateur tentait de profiter des récentes déclarations du chef du Bloc québécois pour gagner des votes dans la circonscription de Richmond-Arthabaska et dans le centre du Québec, où il fait une tournée aujourd'hui.

M. Duceppe a appuyé en début de semaine la proposition du Parti québécois de former une commission parlementaire pour étudier les dangers de cette substance cancérogène. Il a précisé par la suite qu'il ne s'opposait pas à cette industrie et qu'il maintenait sa position à l'effet que la substance controversée ne devrait pas être catégorisée comme étant dangereuse par Ottawa.

«Les libéraux, le NPD et maintenant le Bloc, tous les trois, veulent fermer les mines ici», a néanmoins affirmé M. Harper lors d'un point de presse dans une caserne de pompiers de Victoriaville.

«Seul le Parti conservateur va toujours défendre cette industrie ici et partout au pays, a-t-il ajouté. Seul le Parti conservateur comprend que vous avez le droit de travailler ici, d'élever votre famille ici, de vous épanouir ici.»

Le gouvernement québécois s'apprête à fournir une garantie de prêt de plus de 58 millions de dollars à la mine Jeffrey, à Asbestos, pour relancer ses activités. De nombreux groupes s'y opposent, dont la CSN, en raison des risques de santé associés à l'amiante chrysotile, connue en anglais sous le nom d'asbestos.

Gilles Duceppe, au même titre que le ministre fédéral des Ressources naturelles, Christian Paradis, affirment que la substance n'est pas dangereuse lorsqu'elle est manipulée selon les règles. Mais de nombreux groupes dénoncent le fait qu'elle soit exportée vers des régions moins fortunées de l'Asie, mettant ces populations en danger.

Stephen Harper ne s'est pas avancé mardi sur le terrain de l'aide financière à la mine Jeffrey, une question de compétence provinciale. Il n'a pas non plus abordé la problématique de la santé publique.

La démarche du premier ministre s'inscrit plutôt dans l'optique de présenter son parti comme étant le parti des régions rurales et des Canadiens et Québécois qui vivent à l'extérieur des grands centres. En 11 jours de campagne, M. Harper n'a encore visité aucune circonscription urbaine. Sa tournée nationale l'a plutôt mené dans des banlieues, des campagnes et des municipalités de plus petite taille éloignées des grands centres.

«Seul le Parti conservateur comprend les vrais besoins des citoyens qui vivent dans les communautés rurales de ce pays, a-t-il lancé. Seul le Parti conservateur comprend que vous avez le droit d'avoir autant de possibilités que les gens qui vivent dans les grandes villes.»

Exposition dangereuse

Vendredi dernier, l'Institut national de la santé publique dévoilait une étude qui démontre que la concentration d'amiante sur les chantiers dépasse souvent les normes.

Les chercheurs ont prélevé 3000 échantillons d'air. Dans 43% des cas, la concentration dépassait le maximum permis.

Pourtant, la limite québécoise est moins exigeante qu'ailleurs au pays. Le taux maximum permis est 10 fois moindre au Québec que dans certaines provinces canadiennes.

Gilles Duceppe a accueilli cette étude avec prudence. «Il faut voir si les normes sont appliquées ou non. C'est la même chose pour d'autres produits qui peuvent être dangereux, comme le nickel», a-t-il réagi.

Si l'amiante est utilisé de façon responsable, «c'est sécuritaire», a-t-il répété.

Crédit d'impôt pour les pompiers volontaires

M. Harper a procédé mardi matin à la ré-annonce de son crédit d'impôt destiné aux pompiers volontaires. Il a fait son entrée dans la caserne à bord d'un camion de pompier.

Cette mesure, déjà annoncée dans le budget il y a deux semaines, pourrait être populaire au Québec, où plusieurs milliers de postes de pompiers ne sont pas des postes permanents. À Victoriaville, par exemple, les pompiers travaillent sur une base volontaire.

Ainsi, un gouvernement Harper réélu créerait un crédit de 3000$ destiné aux pompiers ayant travaillé plus de 200 heures dans leur année. «On espère que peu importe le nombre d'heures, les pompiers à temps partiel comme les volontaires vont faire partie de ce crédit d'impôt là», a commenté Denis Gauthier, président de l'Association des pompiers de Victoriaville.