Joanna McDonald, étudiante en sciences environnementales à l'Université de Guelph, se dit dégoûtée et demande au premier ministre Stephen Harper de lui expliquer pourquoi elle s'est fait refuser l'entrée à un discours qu'il a prononcé à Guelph lundi alors qu'elle était pourtant inscrite.

La jeune femme de 21 ans, qui se décrit elle-même comme une activiste contre les changements climatiques, mais qui affirme être non partisane et n'avoir aucun antécédent judiciaire, s'ajoute à une liste grandissante de personnes qui ont été écartées des rassemblements publics du chef conservateur au cours des derniers jours.

L'entourage de M. Harper a dû présenter ses excuses hier auprès de deux jeunes étudiantes expulsées d'un rassemblement de London, en Ontario. Awish Aslam, étudiante de deuxième année à l'Université de Western en Ontario, se serait fait dire par des employés du parti dimanche qu'ils avaient repéré une photo d'elle et de Michael Ignatieff sur sa page web. Ils lui ont demandé de quitter les lieux avec son amie.

Mais tant Stephen Harper que son directeur des communications, Dimitri Soudas, ont refusé de dire jusqu'où ils allaient fouiller dans la vie privée des Canadiens au moment de faire des vérifications sur les personnes inscrites pour participer à leurs événements de campagne.

Joanna MacDonald aimerait bien le savoir.

Club environnemental sur la liste noire

Au cours d'un entretien avec La Presse, elle a expliqué qu'elle s'était présentée avec une amie lundi à l'hôtel Delta de Guelph pour participer au rassemblement. Toutes deux étaient préalablement enregistrées, mais, à la porte, elle a appris que le nom de son amie était sur la liste, pas le sien. Devant son insistance pour obtenir des explications, un employé du parti lui aurait demandé si elle était membre d'un club à l'université. Elle a répondu par l'affirmative: «Je suis membre du club environnemental du campus.»

Mme MacDonald était aussi membre de la Délégation canadienne de la jeunesse à Cancún et à Copenhague, lors des deux derniers sommets sur les changements climatiques.

«Ça doit être pour cela, lui aurait répondu l'employé du parti. La GRC a dû le voir en faisant ses vérifications.»

Lorsque nous l'avons jointe, deux jours après l'incident, l'étudiante était toujours furieuse. «Ce en quoi vous croyez n'est pas une raison valable pour vous empêcher d'entrer quelque part», a-t-elle dénoncé.

«J'étais simplement une étudiante intéressée à écouter ce que M. Harper avait à dire», a précisé la jeune femme.

Pressé de questions à ce sujet, hier matin, le premier ministre a refusé d'expliquer les méthodes de son entourage et a renvoyé la question à ses employés.

Outre Joanna Macdonald et Awish Aslam, d'autres étudiants de Guelph ont eux aussi affirmé avoir été ainsi évincés du rassemblement partisan de lundi. Ils avaient auparavant participé à une manifestation non partisane pour rappeler aux politiciens de tenir compte du vote des jeunes électeurs dans ces élections.

Le NPD, le Bloc québécois et le Parti libéral ont tous trois dénoncé les agissements des conservateurs. «Nous faisons fausse route quand nous avons un premier ministre qui fait des vérifications d'antécédents sur son audience, mais pas sur les personnes qu'il engage», a lancé le chef libéral, Michael Ignatieff, faisant allusion à un ancien proche collaborateur de M. Harper, Bruce Carson, au sujet de qui le premier ministre a avoué récemment qu'il n'était pas au courant de bon nombre de ses condamnations pour fraude.

Pied de nez aux conservateurs: le NPD a pour sa part accueilli Awish Aslam à son propre rassemblement, à London lundi soir.