Ces jours-ci, les électeurs de Terre-Neuve doivent se demander s'ils ont la berlue. Car deux candidats aux élections fédérales portent le même nom, à une lettre près: Gerry Byrne et Jerry Byrne.

Le premier est libéral, l'autre, conservateur. L'un écrit son nom avec un G, le second avec un J. Et chacun des «Gerries» représente une circonscription différente de la province de Terre-Neuve-et-Labrador.

Les deux hommes ont beau avoir le même nom et un sens de l'humour bien développé, là s'arrêtent les ressemblances. Le libéral Gerry Byrne, mi-quarantaine, roule sa bosse en politique depuis plusieurs années. Il a été élu la première fois en 1996 et en est à sa septième campagne électorale. «Je suis un vétéran de la politique!» a-t-il dit à La Presse, joint au téléphone à Terre-Neuve où il faisait campagne.

Son homonyme, Jerry avec un «J», est issu d'une famille de 14 enfants. Homme d'affaires accompli, il vient tout juste, au début de la soixantaine, de se lancer en politique sous la bannière du Parti conservateur. Il s'est dit inspiré par son frère, Jack Byrne, qui a fait carrière en politique jusqu'à son décès en 2008.

Les deux «Gerries», qui se connaissent un peu, trouvent la coïncidence plutôt cocasse et ils ont pris le parti d'en rire. Récemment, Gerry Byrne a reçu la visite de l'autre Jerry Byrne à une collecte de fonds. «J'ai rencontré sa mère, raconte ce dernier, joint aussi par La Presse. Elle a dit à son fils: «Gerry, j'ai quelque chose à te dire que je t'ai caché toute ta vie. Voici ton autre frère, Jerry.» Bref, elle a le même sens de l'humour.»

Quiproquo

Mais ce n'est pas d'hier que leurs noms sèment la confusion. Il y a quelques années, le libéral Gerry Byrne était ministre d'État à l'Agence de promotion économique du Canada atlantique (ACOA). Ce qui a valu à l'autre Jerry, l'homme d'affaires, d'obtenir une entrevue téléphonique instantanée avec la présidente de l'Agence, car la réceptionniste croyait que l'appel provenait du ministre! «Les autres fois, quand je rappelais, je disais «Bonjour, ici le non-ministre Jerry Byrne»», raconte l'ex-homme d'affaires en riant.

Sur le plan des opinions politiques, quand on leur demande ce qui les distingue, on nous sert une vraie réponse... de politicien. «Les deux circonscriptions sont très différentes, explique Gerry Byrne. La mienne, Humber-St. Barbe-Baie Verte, est très rurale, tandis que celle de Jerry avec un «J», St. John's East, est plutôt urbaine. Alors, on ne s'affronte pas souvent, car nos enjeux respectifs sont très différents.»

Et si l'on en croit les deux hommes, il n'y a pas une once de compétition entre eux, car le climat à Terre-Neuve est plutôt convivial. Il faut dire que plusieurs centaines de kilomètres séparent les deux circonscriptions. «Les gens croient à tort que Terre-Neuve est une toute petite île», lance Gerry Byrne. La circonscription de son homonyme, St. John's East, actuellement représentée par Jack Harris du NPD, est même l'une des plus à l'est du Canada.

Mais malgré la distance qui sépare les «Gerries», la coïncidence reste amusante. Et ce petit imbroglio leur fait sans doute une publicité plutôt sympathique.