N'ayant pas réussi à protéger l'intégrité du régime de pension des travailleurs de l'entreprise en faillite d'AbitibiBowater dans sa circonscription de Gatineau, le candidat bloquiste Richard Nadeau doit maintenant s'atteler à la tâche de protéger la sienne comme député. Pour y arriver, il doit absolument remporter la victoire au scrutin du 2 mai.

Siégeant à la Chambre des communes depuis 2006, M. Nadeau fait partie d'une longue liste de 134 députés qui doivent triompher aux élections pour s'assurer de toucher le pactole qui revient aux parlementaires à la retraite, selon des informations obtenues par La Presse, c'est-à-dire pour plus de 4 députés sur 10.

Pour toucher une pension à partir de 55 ans, un député doit avoir siégé aux Communes au moins six ans. La pension, indexée annuellement, est établie en fonction du nombre d'années de service à titre de député et de la moyenne des cinq meilleures années salariales.

À l'heure actuelle, un simple député qui siège six ans seulement a droit à une pension annuelle d'environ 30 000$, indexée jusqu'à la fin de sa vie. Le salaire d'un député s'élève actuellement à 155 000$. La générosité du régime de retraite des députés a souvent fait l'objet de controverses dans le passé.

Or, M. Nadeau, qui est natif d'Hawkesbury, en Ontario, et qui est âgé de 52 ans, est député depuis 5 ans et 2 mois. Le candidat souverainiste doit donc détenir un siège aux Communes pendant encore 10 mois pour assurer ses vieux jours comme ancien député.

M. Nadeau se présente dans Gatineau, l'une des circonscriptions les plus chaudement disputées au pays. Le candidat bloquiste a remporté la bataille en 2008 avec à peine 29% des voix contre 26% à son adversaire néo-démocrate Françoise Boivin, qui brigue à nouveau un mandat, et 26% au candidat libéral. La lutte est d'autant plus serrée aujourd'hui que le Parti libéral compte sur un candidat d'envergure, Steven MacKinnon, pour reprendre ce bastion libéral.

Les stratèges du NPD et ceux du Parti libéral ont décidé de mettre la gomme afin de ravir ce siège au Bloc québécois. S'il mord la poussière aux élections, M. Nadeau pourra quand même toucher une indemnité de départ équivalente à 50% de son salaire annuel.

D'autres députés doivent aussi mener une chaude lutte pour espérer toucher une pension de député.

C'est le cas du député indépendant André Arthur, qui brigue à nouveau les suffrages dans Portneuf-Jacques-Cartier. Il doit aussi coiffer tous ses adversaires au fil d'arrivée le 2 mai pour avoir droit à une pension de député. Élu pour la première fois en 2006, M. Arthur est en bonne voie de réussir l'exploit d'être l'un des rares députés indépendants à remporter la victoire à l'occasion de trois élections générales de suite depuis 1867. Selon un sondage CROP publié dans nos pages, hier, il détient une avance de cinq points de pourcentage sur son rival bloquiste Richard Côté à moins de deux semaines du scrutin.

«Le régime de pension des députés est un plan ridicule et trop généreux. Imaginez que vous ratiez ce pactole de 10 mois seulement. Cela doit faire mal! C'est comme si vous aviez perdu vote billet d'entrée pour aller à la chocolaterie!», a lancé hier Derek Fildebrandt, le directeur par intérim de la Fédération canadienne des contribuables.

En tout, 74 conservateurs, 22 libéraux, 22 néo-démocrates et 15 bloquistes et 1 indépendant doivent être réélus le 2 mai pour espérer toucher leur pension.

- Avec William Leclerc