Après l'effervescence de son grand rassemblement à Montréal hier, Jack Layton a réussi son rendez-vous avec une foule d'une dizaine de milliers de Sikhs de Toronto cet après-midi, qui l'a applaudi très chaleureusement ce qui ne fut pas le cas pour Michael Ignatieff ou le ministre de l'Immigration, Jason Kenney.

La communauté sikhe s'était rassemblée au parc Queen pour célébrer la journée Khalsa - une fête religieuse qui commémore l'institution officielle de la religion sikhe, en 1699.

M. Layton s'est adressé à la foule après MM. Kenney et Ignatieff. Tous ont répété un petite introduction traditionnelle en punjabi, qui affirme que Khalsa appartient au créateur et que toute victoire appartient à Dieu.

Le chef du NPD est toutefois le seul à avoir été chaudement applaudi. Même la sonorisation fonctionnait mieux pour lui.

Le chef libéral est quant à lui le seul à avoir profité de la tribune pour attaquer l'Assemblée nationale du Québec, qui avait interdit à quatre sikhs de témoigner avec leur kirpan en commission parlementaire cet hiver. Cette décision avait été prise par la direction de sécurité et avait été appuyée unanimement par une motion quelques semaines plus tard.

M. Layton n'a pas parlé du kirpan, mais il a rappelé sa position sur le meurtre de Sikhs en novembre 1984. En juin 2010, le NPD avait appuyé une pétition pour que le Canada qualifie ces meurtres de génocide. «Il ne faut pas seulement reconnaître cela dans un parc, il faut aussi le reconnaître en Chambre», a-t-il rappelé.

M. Ignatieff n'avait pas appuyé cette pétition. Quelques minutes plus tôt, il a été hué à ce sujet par deux femmes.

M. Layton est le seul politicien à avoir profité de sa tribune pour parler de la campagne électorale. «À qui pouvez-vous faire confiance pour vous défendre avec des sujets comme la santé, la justice et le coût de vie?», a-t-il lancé, avant d'être applaudi par l'imposante foule.

Quelques minutes plus tôt, MM. Ignatieff et Kenney se sont contentés de saluer la communauté.

Respect des traditions

Les femmes de l'équipe du NPD portaient un foulard à leur arrivée dans le parc. Chez les journalistes femmes, on leur a demandé pourquoi. «Par respect pour les traditions», leur a-t-on répondu. Les représentantes des médias se sont donc couvertes la tête avec leur propre foulard dès leur entrée dans le parc, situé à plus de 100 mètres des clôtures et de la scène.

Aucune pression n'a toutefois été faite pour qu'elles le portent. Mais, sauf erreur, toutes l'ont porté, du moins au début de l'événement.

Une clôture était dressée derrière la scène. À l'entrée, une organisatrice de la fête distribuait aussi des foulards pour les hommes. Une poignée de journalistes l'ont pris sans toutefois le mettre. L'un d'eux a hésité et demandé pourquoi il devait le mettre. «Il le faut», lui a simplement répondu une personne à l'entrée. Un responsable du NPD lui a assuré qu'il n'était pas obligé de le porter.