Le désenchantement à l'égard des élus demeure élevé chez les électeurs au pays, selon un sondage Angus Reid. Et les chefs des principaux partis politiques n'ont pas aidé leur cause durant la présente campagne électorale.

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Dès le début de la campagne électorale, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a traité le chef conservateur Stephen Harper de «menteur» parce que ce dernier niait avoir discuté d'une coalition avec le chef bloquiste et le leader du NPD, Jack Layton, en 2004.

Stephen Harper a pour sa part accusé le chef libéral Michael Ignatieff d'avoir un «agenda caché» lorsqu'il nie avoir l'intention de former une coalition avec les néo-démocrates qui serait soutenue par le Bloc québécois si les conservateurs n'obtenaient pas une majorité aux prochaines élections.

Le chef libéral a rétorqué que Stephen Harper «répand des faussetés» lorsqu'il l'accuse de vouloir diriger un gouvernement de coalition avec l'aide du NPD et des troupes souverainistes de Gilles Duceppe.

De tels propos ne sont pas nécessairement de nature à combattre la désillusion qui prévaut chez les électeurs.

Résultat: les Canadiens se montrent de plus en plus sévères envers les hommes et les femmes politiques. C'est ce qu'a constaté la firme Angus Reid en mesurant l'engagement politique et les valeurs des Canadiens durant la présente campagne.

En effet, 78% des personnes sondées estiment que «les politiciens fédéraux sont de moins en moins honnêtes». Une proportion importante des Canadiens, 75%, se dit «très déçue» de la qualité du leadership des partis politiques fédéraux.

Pas moins de 62% des Canadiens croient que «la démocratie canadienne est en crise». Enfin, 57% des gens sondés affirment «qu'aucun des partis politiques fédéraux n'a (leurs) meilleurs intérêts à coeur».

Mécontentement profond

Le désenchantement est palpable chez les électeurs de toutes les allégeances politiques, selon Jaideep Mukerji, vice-président d'Angus Reid. Et il touche aussi le taux de participation aux élections. Au dernier scrutin, en octobre 2008, seulement 58,8% des électeurs ont exercé leur droit de vote - le plus faible taux de participation dans l'histoire du pays.

«Il y a un mécontentement profond envers la politique fédérale en ce moment. C'est étonnant parce que nous avons quand même plusieurs choix au Canada. Il y a quatre partis sur le plan national, et au Québec, il y a encore le Bloc québécois. Ce n'est pas le manque de choix qui génère ces sentiments», a dit M. Mukerji.

Il a ajouté que le ton employé par les chefs politiques ne contribue pas à rétablir le lien de confiance entre les élus et les électeurs.

«J'utilise souvent l'analogie des voitures. C'est rare que les différents constructeurs vont se critiquer entre eux. Ford va rarement dire qu'il est meilleur que GM et que les autres sont pourris. Ils savent bien que s'ils faisaient cela, les gens auraient une mauvaise image des constructeurs de voitures de façon générale. Les politiciens, de toute évidence, n'ont pas cette mentalité. À force de se lancer des injures, cela ternit l'image des politiciens en général», a dit M. Mukerji.

Le sondage a été réalisé en ligne auprès de 2013 Canadiens les le 16 et 17 avril. La marge d'erreur est de plus ou moins 2,2 points de pourcentage, 19 fois sur 20.