Jack Layton admet qu'il ne peut garantir que son marché de carbone ne fera pas augmenter le prix de l'essence. «Ultimement, ce sera la responsabilité (des pétrolières) de bien se comporter avec leurs consommateurs», a dit le chef du NPD ce midi à Kamloops.

Les conservateurs prétendent que le marché de crédits d'émission de carbone haussera de 10 sous le litre d'essence à la pompe. L'Institut Pembina, une ONG environnementale favorable au projet du NPD, prévoit aussi une hausse. Elle serait toutefois d'un maximum de quatre sous, estime l'ONG.

M. Layton a contre-attaqué vendredi en accusant M. Harper d'hypocrisie. «La seule chose qui a été faite pour augmenter le prix de l'essence, c'est la décision de M. Harper d'imposer la taxe harmonisée en Ontario (et en Colombie-Britannique). Les taxes ont augmenté le coût de 8 sous par litre à cause de lui», a-t-il rétorqué.

M. Layton estime que les entreprises doivent absorber les coûts de leur pollution. « Évidemment, des grosses compagnies comme Exxon vont essayer d'effrayer les Canadiens en disant: si vous augmentez nos coûts, on va vous refiler la facture. C'est exactement ce qu'ils avaient dit dans le dossier des pluies acides et des émissions de sulfure. Mais heureusement, à l'époque, on avait un gouvernement conservateur courageux qui a bougé et établi un programme de crédits d'émission pour le sulfure.»

Le NPD se défend aussi en disant que son plan doit être considéré dans son ensemble. Si le gouvernement exige que les consommateurs améliorent le rendement de consommation de leurs véhicules, et s'il développe le réseau de transport en commun, les Canadiens dépenseront moins pour leurs déplacements, plaide M. Layton.

Plus tôt aujourd'hui, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a mis en garde les électeurs contre les «dépenses insouciantes» du NPD, qui constitueraient une menace pour l'économie. Cela n'a pas impressionné M. Layton. «On parle du même M. Flaherty qui a établi un record pour le plus grand déficit de l'histoire du Canada. C'est intéressant qu'il fasse ce genre de commentaire...», a-t-il ironisé.

Contrôler les prix?

M. Layton est aussi ouvert à ce que le gouvernement essaie de réguler le prix de l'essence.  «Notre première étape serait de mettre en place un ombudsman et de renforcer la loi sur la concurrence pour s'attaquer à la collusion. Si cela ne marche pas, nous devrons passer à d'autres mesures», a-t-il annoncé.

Ce ne serait pas un précédent. En 2005, le gouvernement conservateur de la Nouvelle-Écosse a aussi réglementé le prix de l'essence. Un prix plafond est imposé par le gouvernement. Il est fixé pour une période de deux semaines. Selon les observateurs, la mesure a eu un succès mitigé. (Détails sur la réglementation ici).

Le Bloc est le seul autre parti à vouloir renforcer le bureau de la concurrence et créer un ombudsman.

M. Layton croit que l'ombudsman ne serait pas impuissant devant les pétrolières. «Il peut dévoiler comment les entreprises sont coupables de collusion et mettre ces entreprises sur la sellette», argue-t-il.

Selon lui, ces organismes auront beaucoup de travail à faire. Car il laisse entendre qu'il y a de la collusion. «Ces entreprises semblent avoir carte blanche pour augmenter les prix. Le prix augmente d'un côté de la rue, ça augmente aussi chez le compétiteur -juste comme cela- comme s'ils s'étaient parlé au téléphone. Je pense que beaucoup de gens soupçonnent avec raison qu'il y a quelque chose de vicié dans le processus. Et ils veulent que le gouvernement les défende»

M. Layton estime qu'il s'agit d'une question de justice sociale. «On est pris en otage par ces grandes compagnies qui nous volent à la pompe, encaissent des profits outrageux et reçoivent des subventions du gouvernement Harper (2,2 milliards l'année dernière). Ça doit changer.»