Pauline Marois demande aux souverainistes de ne pas «se laisser distraire» par la vague néo-démocrate qui souffle dans les sondages au Québec et de bien «réfléchir» avant de voter pour Jack Layton lundi. La chef du Parti québécois ne veut toutefois pas se prononcer sur les conséquences d'une percée du NPD au Québec sur l'option souverainiste.

«Je souhaite que les gens ne se laissent pas distraire, qu'ils reviennent les valeurs fondamentales que défend le Bloc. J'espère qu'ils auront quelques jours pour réfléchir et qu'ils appuieront le seul parti pour qui la souveraineté du Québec est importante. Ne nous laissons pas distraire par ce qui peut sembler intéressant à première vue alors que nous avons un parti qui a fait ses preuves», a dit Pauline Marois ce matin lors d'un rassemblement bloquiste à Longueuil.

Selon la chef du PQ, le NPD, qui mène le Bloc par 19% (45% contre 26% selon le sondage de Angus-Reid-La Presse de ce matin) dans les intentions de vote au Québec, ne répond pas aux aspirations des souverainistes. «Je ne veux pas dire qu'ils sont anti-Québec, mais dans les faits, leurs politiques ne vont pas dans les intérêts du Québec, dit Pauline Marois. C'est un parti très centralisateur. À partir du moment où nous voulons avoir les pouvoirs de nos ambitions, le NPD ne peut pas répondre à ça parce qu'il va dans le sens inverse»

Si elle reste optimiste pour le Bloc, la chef péquiste ne veut pas lier le résultat du vote de lundi à la popularité de l'option souverainiste. «On fera à faire l'équation s'il y a lieu de la faire lundi soir», dit Pauline Marois, refusant de commenter les sondages comme Gilles Duceppe.

Pauline Marois fait une entrée remarquée ce matin à la toute fin d'une campagne difficile pour le Bloc québécois, qui a vu ses appuis fondre aux mains du NPD qui menace maintenant son objectif d'obtenir la majorité des sièges au Québec. Le Bloc a obtenu au moins 38 des 75 sièges au Québec à chacune de ses élections générales depuis 1993.

La chef du PQ, qui revient reposée et bronzée d'une semaine de vacances après son vote de confiance de 93%, s'est défendue de ne pas avoir épaulé suffisamment son homologue bloquiste durant la campagne. «Je n'ai pas eu ce sentiment (de laisser tomber le Bloc dans la tourmente)», dit Mme Marois, qui a rencontré Gilles Ducpepe lors du congrès du PQ et qui a mené l'opération bloquiste du vote par anticipation.

Alors que le Bloc est en difficulté dans les sondages, le parti souverainiste peut compter sur une organisation plus forte sur le terrain au Québec que le NPD. Ce matin, une quinzaine de députés péquistes et bloquistes ont assisté aux discours de Pauline Marois et Gilles Duceppe dans le comté de Longueuil.  «C'est important de mobiliser notre monde, de faire en sorte que contre vents et marées, nous sortions voter massivement pour que le Bloc soit présent massivement à Ottawa après le 2 mai», dit Gilles Duceppe.

Au contraire de son homologue bloquiste, la chef du PQ ne manquait pas d'enthousiasme. «Marois et Duceppe, vous ne trouvez pas que ça fait un beau couple?»,  a lancé Pauline Marois aux militants souverainistes.

Pauline Marois a même incité les fédéralistes déçus du gouvernement Harper à appuyer le parti de Gilles Duceppe. «Les souverainistes devraient normalement et naturellement voter pour un parti comme le Bloc, et même les fédéralistes déçus des politiques conservatrices ont le choix de voter Québec», dit-elle.

Après son discours axé sur la défense des intérêts du Québec et la souveraineté, la chef du PQ a lancé discrètement un «merde Gilles» à son homologue bloquiste en guise d'encouragement.

Pauline Marois et Gilles Duceppe visiteront aujourd'hui cinq comtés traditionnellement souverainistes dans la vallée du Saint-Laurent, dont quatre actuellement détenus par le Bloc québécois. Ils iront aussi dans Portneuf-Jacques-Cartier, le comté du député indépendant André Arthur.

Gilles Duceppe finira sa journée de campagne seul dans le comté de Berthier-Maskinongé, où la candidate néo-démocrate Ruth-Ellen Brosseau a fait parler d'elle durant la campagne à la fois en raison de ses vacances à Las Vegas et de son français trop faible pour soutenir un débat.

Le chef bloquiste termine sa campagne électorale, sa sixième comme chef, demain dans la grande région de Montréal.