Michael Ignatieff a entrepris, hier, une tournée ontarienne de trois jours en autobus, où la majorité des 13 circonscriptions qu'il compte visiter ont été perdues par les libéraux de Stéphane Dion en 2008.

On apprendra au terme de ces trois dernières journées de campagne si les libéraux seront parvenus à au moins récupérer le terrain perdu ou, comme le laissent croire les sondages, auront plutôt poursuivi leur dégringolade.

À l'image de ce qui se dégage des sondages nationaux, le NPD est en hausse constante dans les intentions de vote en Ontario depuis les débats des chefs. Les troupes de Jack Layton y ont presque doublé leurs appuis depuis le début de la campagne, au point d'être pratiquement à égalité avec les libéraux et à une demi-douzaine de points des conservateurs.

Mais il demeure difficile de prévoir comment cette tendance se traduira en termes de sièges. Au moment de déclencher la campagne, cette province-clé pour les résultats du 2 mai était représentée à la Chambre des communes par 51 conservateurs, 37 libéraux, 17 néo-démocrates et une indépendante.

Espadrilles rouges

La force de frappe des libéraux semble diminuer chaque jour. Aucun des grands quotidiens torontois n'a appuyé leur chef jusqu'ici et le Toronto Star était sur le point de donner son appui au NPD, au moment d'écrire ces lignes.

Malgré tout, le chef libéral a promis de se battre jusqu'au bout pour renverser le gouvernement. Pour marquer le coup d'envoi de son sprint final, Michael Ignatieff a chaussé une paire de Converse All Star rouges, à London, hier après-midi.

Dans l'espoir de convaincre les électeurs indécis et de fouetter ses troupes pour qu'elles aussi travaillent d'arrache-pied pendant les jours qui restent, le chef libéral fera la tournée d'une douzaine de circonscriptions d'ici le jour du vote, dans le sud-ouest de l'Ontario dans la grande région de Toronto, entre autres.

«Dites à vos voisins, dites à vos amis: fermez la télévision. Fermez la radio. Arrêtez d'écouter les sondages. Posez-vous cette question simple: quel genre de Canada voulez-vous? C'est ça la question, le 2 mai», a-t-il lancé dans une salle de plusieurs centaines de militants à Kitchener en soirée.

Les libéraux étaient bien en selle dans chacune de ces 12 circonscriptions avant 2006. Ils ont perdu sept d'entre elles aux mains des conservateurs lors des élections de 2008 et une aux mains du NPD en 2006. Par voie de communiqué, les libéraux ont insisté sur le fait que seules quatre des circonscriptions que leur chef visitera dans les trois derniers jours sont représentées par un député de leur caucus.

Lettre aux Ontariens

Malgré tout, une question demeure: avec une douzaine de circonscriptions supplémentaires à remporter pour obtenir un mandat majoritaire, Stephen Harper parviendra-t-il à aller chercher suffisamment de votes en Ontario pour y parvenir?

Certains, comme Philippe Ducros, tentent de l'empêcher. L'auteur, metteur en scène et directeur artistique d'un théâtre montréalais a rédigé il y a quelques jours une lettre ouverte «aux Ontariens», pour les exhorter à voter contre le Parti conservateur.

«Nous ne pouvons pas défaire le gouvernement Harper. Vous le pouvez. S'il vous plaît, votez contre Harper. Nous comptons sur vous», a-t-il écrit. Hier soir, la lettre avait récolté plus de 300 signatures.