Les Canadiens sont appelés aux urnes aujourd'hui pour la quatrième fois en sept ans. Et tout indique qu'ils s'apprêtent à donner le coup d'envoi à une véritable révolution politique qui changera considérablement la nature des débats à la Chambre des communes.

En tout, 23 971 740 électeurs inscrits pourront choisir le prochain gouvernement qui dirigera le pays. Pendant 37 jours, les différents leaders - le conservateur Stephen Harper, le libéral Michael Ignatieff, le néo-démocrate Jack Layton, le bloquiste Gilles Duceppe et la leader du Parti vert Elizabeth May - ont fait campagne pour obtenir la confiance des électeurs. Après avoir entendu les promesses et les slogans des uns et des autres, les Canadiens donneront leur verdict aujourd'hui.

Selon les sondages publiés au cours des derniers jours, les Canadiens seraient tentés de reporter les conservateurs de Stephen Harper au pouvoir. Il reste à savoir s'ils leur accorderont un mandat majoritaire, comme l'a réclamé M. Harper durant toute la campagne, ou s'ils opteront encore pour un mandat minoritaire.

Ces mêmes sondages indiquent que le NPD s'apprête à devenir l'opposition officielle à la Chambre des communes pour la première fois de son histoire, reléguant du coup le Parti libéral au troisième rang.

Le NPD se dirige vers un résultat historique. Le parti n'a jamais réussi à faire élire plus de 43 députés en 50 ans d'histoire; c'était en 1988, alors qu'Ed Broadbent était aux commandes. Cette fois, avec la montée spectaculaire dans les intentions de vote qu'il a connue d'abord au Québec et ensuite en Ontario et en Colombie-Britannique, le NPD peut espérer remporter quelque 70 sièges et plus, selon certaines projections.

Avenir du PLC...

Une telle situation aurait de lourdes conséquences pour l'avenir du Parti libéral, qui a dirigé le pays pendant les trois quarts du dernier siècle. Le parti de Wilfrid Laurier, Mackenzie King, Pierre Trudeau et Jean Chrétien verrait son budget de recherche être réduit, le nombre de questions qu'il peut poser au gouvernement être amputé et la subvention qu'il obtient de l'État être diminuée en fonction du nombre de votes qu'il réussira à récolter aujourd'hui.

Après sa déconfiture en 2006 à la suite du scandale des commandites, le Parti libéral risque de faire face à plusieurs années de reconstruction. De nombreux observateurs se demandent d'ailleurs à voix haute si le Parti libéral ne sera pas obligé de fusionner ses activités avec le NPD afin d'unir les forces de la gauche et reprendre le pouvoir un jour.

... et du Bloc

L'enjeu est également crucial pour le Bloc québécois, qui pourrait perdre plusieurs sièges au profit du NPD si la tendance qu'annoncent les nombreux coups de sonde se confirme. Depuis sa fondation, en 1990, le Bloc québécois a toujours réussi à remporter la majorité des 75 sièges du Québec. Sa pire récolte a été celle des élections de 2000 quand il avait remporté 38 sièges, 2 de plus que les libéraux de Jean Chrétien. Un député conservateur, André Bachand, avait été élu.

Depuis qu'il dirige le Bloc québécois, Gilles Duceppe s'est toujours félicité de voir que son parti a réussi à mettre la main sur la majorité des sièges au Québec. S'il ne parvient pas à le faire aujourd'hui, M. Duceppe pourrait être tenté de quitter la barre de son parti, même s'il a dit durant la campagne avoir l'intention de terminer le mandat que lui confieront les électeurs.