Prenant l'entière responsabilité de la défaite, Michael Ignatieff s'est dit prêt à continuer à diriger son parti, hier soir, au terme de la pire défaite de l'histoire du Parti libéral du Canada. Mais il a remis son sort entre les mains de ses militants.

Pour la première fois depuis la création du pays, le PLC sera relégué au rang de troisième parti à la Chambre des communes. Avec une trentaine de sièges seulement, il a de plus battu le triste record de John Turner, qui n'avait remporté que 40 circonscriptions en 1984.

La défaite a été particulièrement cinglante dans le centre du Canada, où le parti allait traditionnellement chercher la majorité de ses sièges. Au Québec, il est passé de 14 à une demi-douzaine de députés. En Ontario, il n'a récolté qu'une dizaine des 106 sièges de la province.

Le chef libéral a passé quelques minutes de son discours à justifier l'existence et la survie de sa formation. «Ce parti est fier de ce qu'il a fait pour notre pays, a-t-il dit. Je suis l'humble héritier de cette tradition et je ne suis pas venu en politique pour voir cette tradition mourir.»

«Je vais avoir besoin de l'aide de chaque libéral, chaque libéral qui aime ce pays et ce parti, pour se tenir debout avec moi tandis que nous reconstruisons et nous renouvelons, a-t-il poursuivi. Je vais servir tant et aussi longtemps que ce parti voudra ou me demandera de servir et pas un jour de plus.»

Pluie de mauvaises nouvelles

Vers 22h, les réseaux de télévision ont commencé à annoncer que les conservateurs formeraient le gouvernement et que le NPD serait l'opposition officielle. La nouvelle est tombée comme une douche froide sur une salle presque complètement vide. La mine basse, la cinquantaine de partisans rassemblés dans le sous-sol de l'hôtel Sheraton, au centre-ville de Toronto, regardaient depuis déjà quelques minutes sur les écrans les images de la fête du NPD, à quelques mètres de là.

Dans les 50 minutes qui ont suivi, les mauvaises nouvelles sont tombés sur les libéraux à une vitesse vertigineuse. D'abord, non seulement ils ont appris qu'ils feraient pire sous Michael Ignatieff que sous Stéphane Dion, mais ils ont aussi vu se dessiner la pire récolte de sièges de leur histoire. Avec 26,2% en 2008, Stéphane Dion avait battu le record pour le pourcentage. Mais ses 77 sièges le plaçaient bien au-delà des 40 obtenus par John Turner en 1984. Or, au moment d'écrire ces lignes, les libéraux se maintenaient tout juste au-dessus de 30 sièges et ils avaient récolté moins de 20% du vote populaire.

Puis, comme si ce n'était pas assez, d'autres résultats ont commencé à circuler, presque impossibles à croire: comme Gilles Duceppe, Michael Ignatieff était sur le point de perdre son siège. La stupeur a cédé la place au frisson lorsque la victoire d'un gouvernement majoritaire conservateur a été annoncée. La salle a été plongée dans un long silence, troublé seulement par la voix des annonceurs à la télévision.