Le Bloc québécois a subi une raclée majeure dans la région de Montréal, perdant des têtes d'affiche et la quasi-totalité des 21 sièges qu'il avait obtenus en 2008. Même le chef, Gilles Duceppe, a été battu à plate couture dans Laurier-Sainte-Marie - une première en 21 ans - par une nouvelle venue en politique, la néo-démocrate Hélène Laverdière. Celle-ci a été élue avec une avance de plus de 3000 voix.

Le seul espoir de résistance du parti souverainiste réside dans la circonscription d'Ahuntsic, où la députée Maria Mourani a mené une lutte féroce à la néo-démocrate Chantal Reeves. Les deux candidates se sont échangé la première position toute la soirée pour ce siège que Mme Mourani a remporté trois fois de justesse depuis 2004. Au moment de mettre sous presse, elle perdait par la fragile marge de 22 voix.

Piliers en berne

Partout ailleurs, de Chambly-Borduas à Argenteuil-Papineau-Mirabel, d'est en ouest, les candidats néo-démocrates ont eu le vent dans les voiles dès le début de la soirée et ont tout rasé sur leur passage. Dans Argenteuil-Papineau-Mirabel, le pilier du Bloc Mario Laframboise a baissé pavillon devant la néo-démocrate Mylène Freeman, étudiante en philosophie de l'Université McGill, qui l'a évincé avec une majorité de plus de 8000 voix. À sa sixième élection, le jeune vétéran du Bloc Bernard Bigras a mordu la poussière dans Rosemont-La Petite Patrie, devant le néo-démocrate et porte-parole syndical Alexandre Boulerice. Celui-ci a réussi l'exploit de déloger M. Bigras avec une majorité de plus de 7000 voix.

Les députés Daniel Paillé et Thierry Saint-Cyr, dans Hochelaga et Jeanne-Le Ber, ont également été éliminés par leur rival du NPD. M. Paillé a cédé son siège à la syndicaliste Marjolaine Sweet-Boutin, tandis que M. Saint-Cyr sera remplacé par le directeur du Black Theatre Workshop, Tyrone Benskin.

Les seules circonscriptions qui ont résisté à la vague orange sont les traditionnelles forteresses libérales. Dans Bourassa et Papineau, Denis Coderre et Justin Trudeau ont notamment réussi à conserver leur siège avec des majorités respectives de 2000 et 3000 voix. Dans Saint-Laurent-Cartierville et Saint-Léonard-Saint-Michel, Stéphane Dion et Massimo Pacetti ont également eu raison de leur adversaire néo-démocrate. Le NPD a terminé deuxième dans les quatre cas.

Dans deux circonscriptions âprement disputées, Lac-Saint-Louis et Mont-Royal, les députés sortants libéraux gardaient une bonne avance sur leurs opposants en fin de soirée. Dans le premier cas, le sénateur conservateur Larry Smith accusait un retard de plus de 2000 voix sur le député libéral Francis Scarpaleggia. Dans Mont-Royal, le député libéral Irwin Cotler a réussi à maintenir à distance son rival conservateur, l'ex-conseiller municipal Saulie Zajdel, en retard d'un millier de voix.

Le député libéral Marc Garneau, dans Westmount-Ville-Marie, n'a toutefois pas réussi à en faire autant et a été battu par Johanne Corbeil, du NPD, avec un millier de voix d'avance. Même scénario pour Marlène Jennings, dans Notre-Dame-de-Grâce-Lachine, évincée par la néo-démocrate Isabelle Morin, qui a remporté le scrutin avec une majorité de quelque 4000 voix. Enfin, le pilier libéral Pablo Rodriguez, ex-président de l'aile québécoise du parti et directeur de campagne de Michael Ignatieff, a perdu sa circonscription d'Honoré-Mercier par quelque 3000 voix aux mains de la néo-démocrate Paulina Ayala.

Banlieues orange

Au nord et au sud de l'île, la vague orange a frappé avec autant de force. Dans Longueuil-Pierre-Boucher, Pierre Nantel a ainsi délogé Jean Dorion avec plus de 11 000 voix de majorité. Dans Saint-Lambert, la députée bloquiste Josée Beaudin a baissé pavillon devant Sadia Groguhé, du NPD, qui a obtenu une majorité de 7000 voix. Les cinq circonscriptions de l'île Jésus sont par ailleurs tombées dans le giron néo-démocrate. Dans Alfred-Pellan, Rosane Doré-Lefebvre a battu Robert Carrier, du Bloc, avec une avance de 8000 voix. Dans Laval-Les Îles, où la controverse a plombé la campagne des libéraux, le néo-démocrate François Pilon a écrasé la libérale Karine Joizil, avec une majorité de plus de 11 000 voix. Même chose à Laval, où José Nunez-Melo, du NPD, a récolté quelque 9000 voix de plus que la députée bloquiste Nicole Demers.

Enfin, dans Chambly-Borduas, l'humoriste Jean-François Mercier a réussi à convaincre quelque 6000 électeurs de voter pour son programme politique «digne de son personnage de gros cave», comme il l'a décrit. Il a terminé en troisième position, à 16 000 voix du vainqueur, le néo-démocrate Matthew Dubé.