Ayant remporté son pari de réclamer un gouvernement majoritaire, Stephen Harper a promis, tard en fin de soirée lundi, de travailler l'ensemble de la population.

«Nous allons gouverner pour tous les Canadiens incluant ceux qui n'ont pas voté pour nous, a-t-il dit. Y compris la grande nation québécoise.»

Après une difficile campagne, attaqué de tous les côtés par ces adversaires, en constante confrontation avec les médias, M. Harper a réussi à convaincre les Canadiens de lui accorder leur pleine confiance.

«Les Canadiens ont choisi l'espoir et un Canada fort, a-t-il souligné. Nous pouvons maintenant tourner la page sur l'incertitude et les élections à répétition.»

Le premier ministre conservateur a félicité ses adversaires, saluant même Gilles Duceppe, pour qui M. Harper a dit avoir «un grand respect».

«Il y a 5 ans, nous avons commencé à bâtir un Canada plus libre, plus fort, plus uni. Les Québécois ont décidé d'envoyer des fédéralistes à la chambre des communes et nous allons tous travailler ensemble pour notre grand pays», a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs noté «la tenacité et la détermination» du leader du NPD, Jack Layton, le nouveau chef de l'opposition.

Les priorités du nouveau gouvernement majoritaire seront: mettre en place le plan pour les emplois et la croissance, aider les familles et les aînés, poursuivre le plan pour éliminer le déficit tout en augmentant les transferts pour les provinces en santé de 6% par année.

«Nous allons rendre nos villes, nos villages et nos communautés plus sécuritaires», a aussi promis M. Harper.

À la dissolution de la chambre, le Parti conservateur détenait 143 sièges, soit 12 de moins qu'il n'en faut pour être majoritaire au Parlement.

L'effondrement du Parti libéral, surtout en Ontario, a permis aux conservateurs d'assurer rapidement leur majorité. Dans la banlieue de Toronto, notamment, les bonnes nouvelles se sont rapidement accumulées, les conservateurs ayant atteint leur objectif de voler plusieurs sièges aux libéraux de Michael Ignatieff.

Au quartier général des conservateurs, à Calgary, la fébrilité était palpable parmi les partisans. À l'annonce, très tôt, de l'élection d'un gouvernement conservateur, la salle n'était qu'à moitié pleine. Les troupes de Stephen Harper ont applaudi, mais sobrement, attendant impatiemment de connaître l'ampleur de la victoire.

La défaite de l'ancienne ministre conservatrice Helena Guergis, mise à la porte du cabinet et du parti sans explications en avril 2010, et qui se présentait comme indépendante, a aussi réjoui les partisans du chef conservateur. Les victoires conservatrices au détriment de figures montantes du Parti libéral, dont Mark Holland, ont soulevé les applaudissements.

Mais ce n'est qu'après l'annonce d'une majorité que les sourires ont rempli la salle et que la pression est tombée. Stephen Harper, lui, a regardé la soirée électorale dans une chambre d'hôtel de Calgary, entouré de quelques proches.

Des défaites qui font mal

Mais les défaites de plusieurs de ses députés au Québec, dont les ministres Lawrence Cannon, Jean-Pierre Blackburn et Josée Verner, lui feront par contre très mal.

Seuls les ministres Denis Lebel, dans Roberval-Lac-Saint-Jean, et Christian Paradis, dans Mégantic-L'érable, ont survécu, de même que les députés Maxime Bernier, Steven Blaney, Jacques Gourde et Bernard Généreux, pour un caucus total de six membres au Québec.

Quelques autres défaites en cours de soirée ont fait mal aux conservateurs, notamment dans Terre-Neuve-et-Labrador, où le candidat-vedette, le sénateur Fabian Manning, a mordu la poussière devant le député libéral sortant, Scott Andrews.

En Colombie-Britannique, le ministre d'État aux Sports a perdu son siège au profit de la chef du Parti vert, Elizabeth May.

Entre autres mesures qui pourraient aller très rapidement dans un parlement conservateur majoritaire, M. Harper s'est engagé durant la campagne à faire adopter en moins de 100 jours son imposante réforme de la justice criminelle. Il a aussi promis d'abolir les subventions publiques aux partis politiques, ce qui pourrait faire très mal aux partis de l'opposition. Le chef conservateur entend aussi équilibrer le budget du gouvernement d'ici quatre ans, notamment en coupant 5% des dépenses en programmes.

Photo: Reuters

La fébrilité était palpable chez les militants conservateurs, réunis au Centre des congrès Telus de Calgary, lundi soir.